L'interview azimutée avec Jérémie Elkaïm

Acteur, scénariste, producteur

Dans le nouveau film de Gilles Marchand, Dans la forêt (en salle le 15 février), Jérémie Elkaïm interprète un père de famille qui embarque ses deux fils en Suède pour passer leurs vacances au bord d’un lac. Rarement l’avait-on vu aussi inquiétant dans ce personnage aux prises avec ses névroses. Échange fantaisiste avec ce comédien amoureux du jeu, sous toutes ses formes.


 

Êtes-vous adepte de la rêverie ?

Oui, j’aime les artifices. J’ai fait mille films dans ma tête. Une grosse filmographie…

Avez-vous le sens de l’orientation ?

Figurez-vous que oui ! Exceptionnelle, même. Je pense que c’est dû à une forte tendance à la claustrophobie. Je ressens l’espace autour pour pouvoir m’échapper.

À l’aise en forêt ?

À priori, pas du tout. Ça manque de terrasses de café. Mais pour Gilles Marchand, je m’y suis enfoncé et j’ai rencontré les arbres. Ils étaient là avant et ils seront là après. Ils n’ont pas besoin de nous. C’est beau.

Jérémie Elkaïm Entretien SMS Chaise dans la forêt
Photographie : Annick Holtz
La dernière fois que vous avez regardé les nuages ?

Je vis avec une passionnée du ciel. Elle me fait lever le ciboulot tous les jours. Depuis, j’ai découvert qu’il s’y passe des choses…

Un son de la vie qui vous touche ?

Le bruit des touches du piano quand quelqu’un joue à mes côtés.

Jérémie Elkaïm Entretien SMS La leçon de Piano Jane Campion Silhouettes
Photographie : Annick Holtz
Vous jouez, vous ?

En permanence. J’aime mettre du jeu partout, surtout aux endroits où l’esprit de sérieux serait de mise.

Farceur ?

Oui, mais mauvais farceur. J’ai trop peur que la farce inquiète. Je fais toujours en sorte qu’on sache que ça en est une. Surtout avec les enfants…

Jérémie Elkaïm Entretien SMS Dents claquent jouet
Photographie : Annick Holtz
Aimez-vous les grimaces ?

J’aime regarder les visages qui semblent être des grimaces même quand ils sont au repos.

Quel est votre rapport à la mélancolie ?

Amical. J’aime le mélange de tristesse et de légèreté qu’elle contient.

Un mot désuet que vous affectionnez ?

Les commodités, pour les toilettes. Et dire zou pour s’en aller.

Jérémie Elkaïm Entretien SMS Zou Cheval rouge jouet
Photographie : Annick Holtz
Aviez-vous peur du noir, enfant ?

Non, peu. Il faut dire qu’il y avait un lampadaire attenant à la fenêtre de la chambre.

Votre animal-totem ?

Le renard. L’idée qu’il soit malin me séduit. Et j’aime la traduction du mot en japonais : kitsuné.

Jérémie Elkaïm Entretien SMS Renardeaux cartes Memory
Photographie : Annick Holtz
Êtes-vous sensible aux accents ?

Oui, beaucoup, ceux des étrangers : ils témoignent du désir de communiquer, de parler dans la langue de l’autre, c’est déjà lui donner un truc. Moins les accents régionaux.

Une musique qui vous trotte dans la tête en ce moment ?

L’Escalier de The Pirouettes. Écouté ce matin avant de déposer les enfants à l’école.

Jérémie Elkaïm Entretien SMS Escalier "Viens avec moi"
Photographie : Annick Holtz
Quel est votre rapport au silence ?

Il est rare dans mon quotidien. En forêt suédoise, il est presque envoûtant.

Déjà allé dans le désert ?

Pas ceux auxquels on pense. Mais il existe des déserts plus terribles que ceux que la terre nous offre.

Votre truc pour contrer le trac ?

Je n’en ai pas. Le trac a un lien avec l’estime qu’on a pour ce qu’on s’apprête à faire. Quand il est là, c’est plutôt bon signe.

Votre juron favori ?

Oh fatch (marseillais). Ou rienabr.

Un peintre fétiche ?

Pas vraiment. En revanche, je vais souvent au Louvre voir La Jeune Martyre de Delaroche et La Diseuse de bonne aventure du Caravage.

Jérémie Elkaïm Entretien SMS Peinture La Diseuse de bonne aventure Caravage
La Diseuse de bonne aventure – Le Caravage (1594)
Aimez-vous la magie ?

Oui, mais pas celle des prestidigitateurs, plutôt celle qui surgit quand on ne s’y attend pas. Comme celle de la poésie des choses.

Jérémie Elkaïm Entretien SMS Plume Roue
Photographie : Annick Holtz
Tintin ou Milou ?

Ni l’un, ni l’autre. Plutôt le yéti du Tibet.