Les inspirations de Julien Rappeneau

Michel Gondry, Breaking Bad, How I Met Your Mother...

Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, le scénariste Julien Rappeneau (Cloclo, Zulu, Mais qui a tué Pamela Rose ?…) adapte Rosalie Blum, la bande-dessinée de Camille Jourdy, ou l’histoire d’une filature incongrue. Car, quand Vincent Machot décide de suivre son épicière, Rosalie Blum, dont le visage lui est familier, lui-même ne comprend guère ce qui l’anime. Dans un parfait équilibre entre poésie, drôlerie et mélancolie, Julien Rappeneau trouve la note juste : il pose son regard tendre sur ces personnages esseulés qui vont connaître un second souffle au contact les uns des autres, et signe un très joli film, émouvant, joyeux et délicat. Promenade au gré des inspirations, proches ou lointaines, qui nourrissent l’univers de ce jeune réalisateur.

 

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BREAKING BAD / Vince Gilligan


Inspirations de Julien Rappeneau : la série Breaking Bad

« Ça n’a absolument rien à voir avec Rosalie Blum, mais c’est une série que je trouve tellement forte et brillante scénaristiquement que j’avais gardé cette exigence en tête. Je suis extrêmement admiratif de la façon dont ça se construit, dont les personnages évoluent. Ça incite à la fois à la modestie et à l’exigence en termes scénaristiques. C’est l’un de mes très gros coups de cœur série de ces dernières années : c’est ultra bien écrit et c’est prenant. »


PUNCH DRUNK LOVE / Paul Thomas Anderson


Les inspirations de Julien Rappeneau : Punk Drunk Love

« Là, on est dans un univers visuel plus poussé, avec une mise en scène brillantissime. C’est un film que j’aime beaucoup pour son romantisme, son originalité totale, son utilisation de la musique et des couleurs. J’adore le personnage d’Adam Sandler. Je vois chez lui un lointain cousin de Vincent Machot, joué par Kyan Khojandi dans Rosalie Blum, même si les films n’ont rien à voir. J’aime l’originalité de ce film, sa douceur, sa fantaisie, son humour et sa tendresse. »


SOMEDAY AT CHRISTMAS / Stevie Wonder


Inspirations de Julien Rappeneau : Someday at Christmas de Stevie Wonder

« Je suis fan de Stevie Wonder depuis toujours. Pendant l’écriture de Rosalie Blum, j’ai découvert cette chanson (j’écoute toujours beaucoup de musique en écrivant), qui est un chant de Noël. À un moment, j’avais l’intention de la mettre dans le film, je l’écoutais et ça avait une influence rythmique sur l’écriture du scénario, et puis j’ai finalement choisi de ne pas le faire, car ça ne collait pas. Mais elle m’est restée comme un souvenir d’écriture. C’est une super chanson et Stevie Wonder est un génie ! »


QUARTIER LOINTAIN / Jirô Taniguchi


Inspirations de Julien Rappeneau : Quartier lointain de Jirô Taniguchi

« C’est une bande dessinée japonaise qui m’a énormément marqué. C’est l’histoire d’un homme qui se retrouve à l’époque de sa jeunesse dans le quartier dans lequel il a grandi. Il y a une émotion très forte dans cette BD. Je n’y ai pas pensé pour Rosalie Blum, mais en réfléchissant à ce mur d’inspirations, je me suis rendu compte qu’elle ne m’avait jamais vraiment quitté. C’est une BD que j’ai offerte à Kyan Khojandi avant le tournage. Pas du tout pour l’inspirer, mais ça ne devait pas être anodin si j’ai choisi ça. »


LA VIE NE VAUT RIEN / Alain Souchon


Inspirations de Julien Rappeneau :  La vie ne vaut rien de Alain Souchon

« Quelqu’un m’a dit, en voyant Rosalie Blum, que le film pouvait faire penser à une chanson d’Alain Souchon. J’adore Alain Souchon, que j’admire profondément comme auteur, musicien, chanteur et comme homme. Il me fait rire. Il a un talent fou pour croquer, dans des chansons, des personnages, des petites histoires : il va pile à l’émotion, c’est hyper juste. Avec de la mélancolie, de la poésie et de l’humour. J’adorerais que Rosalie Blum puisse s’apparenter cinématographiquement à une chanson d’Alain Souchon. Là, j’ai choisi La vie ne vaut rien, car entre la mélodie et les paroles, je la trouve brillante. »


SAVE ME / Aimee Mann


Inspirations de Julien Rappeneau : Save me d'Aimee Mann

« J’ai découvert Aimee Mann grâce à la BO de Magnolia de Paul Thomas Anderson, qui est un film qui m’avait estomaqué. J’avais adoré la BO et j’étais tombé fou de cette chanteuse, dont j’ai acheté d’autres albums et que j’ai été voir en concert. Puis, quand j’ai écrit le film, il y avait un personnage de chanteuse dans un bar, et lorsque j’ai débuté le casting pour la trouver, j’avais en tête Aimee Mann. Matthieu Sibony, qui a fait la supervision musicale du film, m’a présenté plusieurs actrices-chanteuses et notamment cette jeune femme, Luna Picoli-Truffaut, et quand je l’ai vue, j’ai trouvé quelque chose de ce que je recherchais. J’adore la reprise acoustique qu’elle fait de Belle and Sebastian dans le film, et ce qu’elle dégage. »


 CENTRAL OTAGO / Dominique A


Inspirations Julien Rappeneau : Central Otago de Dominique A

« J’ai acheté l’album de Dominique A pendant le tournage et le matin, quand je me rendais sur le tournage à pied, j’écoutais tout le temps cette chanson et elle m’insufflait une énergie et une humeur dès le début de journée. Elle reste définitivement associée pour moi au tournage à Nevers de Rosalie Blum. »


Le travail de RAYMOND DEPARDON


Inspirations de Julien Rappeneau : le travail de Raymond Depardon

La France, de Raymond Depardon, 2013

« Quand je me suis mis à réfléchir visuellement au film, après l’écriture du scénario, j’ai rapidement pensé au travail que Depardon a réalisé en France. Il a photographié plein de territoires, mais plutôt la France des sous-préfectures, des ronds-points, des rues, des commerces, des paysages. Il avait exposé ses photos à la BNF et j’adore son travail. Il y a quelque chose qui me touche dans ces photos et cette France-là. La première fois que j’ai rencontré Marie Cheminal, qui a fait les décors du film, je lui ai parlé de l’univers de Depardon. Pour l’anecdote, je me suis baladé dans plusieurs villes avant de choisir Nevers comme lieu de tournage, et après le premier repérage, on s’est rendu compte avec Marie Cheminal que dans la collection de Depardon, il y avait une photo précise d’une rue de Nevers avec un tabac. J’ai d’ailleurs tourné un plan à cet endroit-là, mais qui n’est plus dans le film. »


HOW I MET YOUR MOTHER / Carter Bays et Craig Thomas


Inspirations de Julien Rappeneau : la série How I Met Your Mother

« C’est une série américaine cousine de Friends (que j’avais adorée en son temps aussi). C’est une série très brillante scénaristiquement. C’est un format court de 26 mn, et les épisodes ont une vraie liberté dans la narration, ils s’autorisent beaucoup de choses en termes de construction, de points de vue, de retournements, de montage. Le tout avec un humour ravageur. »


Le travail de TOM HUNTER


Les inspirations de Julien Rappeneau : The Glass of Wine de la série Persons Unknown de Tom Hunter, 1997

The Glass of Wine de la série Persons Unknown de Tom Hunter, 1997

« Tom Hunter, c’est Marie Cheminal, la chef décoratrice du film, qui m’a fait découvrir son travail. J’ai trouvé que c’était une très bonne référence. C’est un photographe anglais qui a photographié des marginaux ou des gens du monde de la techno. Son travail de la lumière, des couleurs, son regard sur ces gens, tout cela m’a parlé. J’étais ravi que Marie me le fasse découvrir. »


ETERNEL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND / Michel Gondry


Les inspirations de Julien Rappeneau : Eternel Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry

« J’adore ce film que je trouve à la fois poétique, drôle, touchant. C’est une histoire d’amour extrêmement originale et un scénario atypique. La délicatesse de ce film m’a guidé. Gondry arrive, dans sa direction artistique, à nous faire croire à cette histoire tout en en faisant ressortir l’aspect « fable ». Il y a un peu de ça dans Rosalie Blum. À chaque fois que je pensais à l’adaptation de cette bande dessinée, je me disais que c’était comme un conte réaliste, je voulais qu’on croie aux personnages, qu’ils sonnent justes et vrais, et en même temps, qu’il y ait de la fantaisie. Eternal Sunshine est un film que j’aime beaucoup visuellement. Je trouve qu’il y a une douceur dans l’image, dans le choix des couleurs, des vêtements et des cheveux de Kate Winslet. Cette famille-là, je m’y suis retrouvé, et je voulais que Rosalie Blum ait une douceur aussi visuellement, qu’on ne soit pas dans quelque chose de trop naturaliste ou de trop travaillé. »