Terence Davies prise les passions intérieures et les mouvements du cœur. L’héroïne de Sunset Song, Chris Guthrie, est une jeune Écossaise, fille de famille d’une ferme isolée dans la campagne. Son rêve de devenir institutrice est balayé par la mort de sa mère, achevée par ses grossesses, par le départ de son frère pour l’Argentine, et par la fatalité de sauvegarder le foyer avec son tyran de père (puissant Peter Mullan). Puis vient l’attachement. Et l’amour profond pour sa terre. Loin de la célèbre et capricieuse Scarlett O’Hara d’Autant en emporte le vent, paru en 1936 et filmé en 1939, Chris reste modeste et lucide. Elle affronte pourtant une guerre, la Grande, qui broie son mari aimant. Le romanesque que Davies tire du roman éponyme de Lewis Grassic Gibbon, paru en 1932, est sec, sans concession, désossé du superflu. Mais émouvant dans sa peinture lyrique de la nature écossaise, du lien de l’être à son environnement, et de l’humanité qui plie mais ne rompt pas. Actrice caméléon encore méconnue, Agyness Deyn excelle dans la peau de cette femme farouchement indépendante. C’est ample et serré à la fois. C’est tout l’univers humaniste et amoureux du subtil cinéaste, qui se nourrit fructueusement des adaptations, après Edith Wharton pour Chez les heureux du monde et Terence Rattigan pour The Deep Blue Sea.