Viva la Libertà

Enrico Oliveri, secrétaire général du parti de l’opposition italienne, n’est pas dans son assiette. Du jour au lendemain, il disparaît et se réfugie incognito chez une vieille amie, à Paris. Ignorant où il se cache, son fidèle conseiller cherche une solution et la trouve en la personne du frère jumeau d’Enrico, Giovanni. Celui-ci occuperait la place, juste le temps que le secrétaire général retrouve ses esprits et son chemin. Une seule petite ombre au tableau : Giovanni, aussi souriant et volubile que Enrico est triste et fermé, est atteint de troubles bipolaires. Toni Servillo (La Grande Bellezza) se démultiplie pour jouer ce qui, au bout du compte, ressemble aux deux facettes d’un même homme. Adaptée de son propre roman par le réalisateur, la fable n’est pas neuve, mais elle est plutôt bien menée, et, sans atteindre la férocité de Nanni Moretti dans Le Caïman, donne un aperçu assez juste de l’état politique et social dans lequel se trouve l’Italie. Le passé ressurgissant via une scripte de cinéma qui fut dans sa jeunesse amoureuse des deux frères, permet à Valeria Bruni Tedeschi d’exercer son bilinguisme et sa folie douce. En prime, Giovanni étant philosophe, il « improvise » des discours intelligents et révélateurs, dont l’auteur n’est autre que Bertolt Brecht. « Tu dis : notre cause est au plus mal… Les ténèbres progressent. Nos forces diminuent… » Ça relève, indéniablement le niveau, et confère à l’ensemble une aura d’humanisme et d’intelligence.