La Religieuse

La Religieuse de Jacques Rivette avait fait scandale en 1966 et suscité l’ire de la censure. Autres temps, autre approche. Là où Rivette, fidèle à Diderot, accentuait la charge anticléricale de l’œuvre, Guillaume Nicloux cherche la lumière où propulser son héroïne au terme de sa lutte. Car Suzanne Simonin (Pauline Etienne, frémissante) ici se rebelle, s’agite et tient tête. Celle que sa famille sans ressources a reléguée au couvent, mène un combat contre une institution et une vocation qu’elle rejette. Guillaume Nicloux filme sa trajectoire, d’affrontements en châtiments, à juste distance entre les corps et les murs qui les enferment. Les étoffes et les peaux sans fard donnent à voir leur présence, les décors laissent circuler les recluses et font entendre leur désarroi. On flirte avec un classicisme pas toujours en phase avec l’écrit initial (Diderot était plus scélérat que cela), mais la tentative est aussi belle dans sa forme rigoureuse.