Le visage du jour

Théodore Pellerin

Tout le monde ne connaît pas encore Théodore Pellerin, qui a déjà plus d’une quarantaine de rôles à son actif, à l’approche de ses vingt-huit ans. Mais l’édition cannoise 2025 devrait le populariser grâce au rôle-titre de Nino de Pauline Loquès, en compétition à la Semaine de la Critique. Aperçu en Vincent Cassel jeune dans Juste la fin du monde de Xavier Dolan, face à Lucas Hedges dans Boy Erased de Joel Edgerton, et en fils de Joaquin Phoenix dans Beau Is Afraid d’Ari Aster, il s’est fait remarquer par ses partitions juvéniles polymorphes, chez ses compatriotes du Québec Philippe Lesage (Genèse avec Noée Abita), et Sophie Dupuis, qui en a fait son acteur fétiche pour des personnages hauts en couleur, où il épate (Chien de garde, Souterrain, l’inédit Solo). Le public français a pu l’apprécier en fiston amer d’Isabelle Carré dans La Dérive des continents (au sud) de Lionel Baier, à la Quinzaine des Cinéastes 2022, et en magnétique Jacques de Bascher dans la mini-série télé Becoming Lagerfeld. Cette année, il explose en Nino, jeune Parisien en pleine déambulation forcée, pendant trois jours, avant un rendez-vous médical crucial. La frontalité, la finesse et l’élégance avec lesquelles le comédien se glisse dans la peau d’un aspirant à l’âge adulte, soudain mis à mal par le destin, illuminent l’écran. Sans accent québécois, et généreux dans ses partenariats actoraux avec William Lebghil, Salomé Dewaels ou Jeanne Balibar, il passe de la légèreté à la gravité en une fraction de seconde, et sans jamais rien alourdir. Théodore Pellerin a quelque chose du funambule. Pas étonnant pour ce fils d’une danseuse et d’un peintre. Ça s’appelle la grâce.