Under the Tree

Mes chers voisins

Drame psychologique tout autant que comédie noire, Under the Tree séduit dans les détails mais peine à convaincre dans son ensemble, tiraillé entre deux tons impossibles à concilier.

Sujet de fait divers, d’émission de télévision ou de radio sensationnaliste, ou encore scénario de comédie américaine (on pense notamment au récent diptyque Nos pires voisins, de Nicholas Stoller, mais surtout à l’étrange Les Voisins, de John G. Avildsen) la querelle de voisinage porte en elle un potentiel propice à différents types de fictions. C’est le sentiment dominant au sortir de la projection d’Under the Tree, de Hafsteinn-Gunnar Sigurdsson, tant le réalisateur de Paris of the North semble avoir voulu saisir plusieurs possibilités offertes par son sujet. Soit Atli, trentenaire renvoyé par sa femme qui le soupçonne d’infidélité, obligé de retourner vivre un temps chez ses parents. Ceux-ci, après avoir vécu un drame familial éprouvant, sont en guerre larvée avec leurs voisins, qui ne supportent pas l’ombre occasionnée par un arbre de leur jardin. Effectuant un va-et-vient permanent entre l’intrigue maritale et la querelle de voisinage, le cinéaste ne semble jamais vouloir réellement choisir un ton. Partisan d’un réalisme psychologique quand il s’agit d’évoquer la dissolution d’un couple qui se dispute une garde d’enfant, Sigurdsson joue la carte de la comédie (de plus en plus) noire pour relater la guerre absurde que se mènent les voisins d’une morne ville de banlieue islandaise. Les qualités réelles d’écriture et de mise en scène des deux parties sont hélas désamorcées par leur irrémédiable incompatibilité de ton. Restent un vrai sens du cadre et de la direction d’acteurs qui donnent envie que le réalisateur explore désormais ses différentes veines d’inspiration dans des films distincts.