Le Monde est à toi

Le manège déjanté

Avec son second long-métrage, Romain Gavras a emballé le public de la Quinzaine des réalisateurs lors du dernier Festival de Cannes.

Huit ans après l’étrange voyage Notre jour viendra, Le Monde est à toi est une comédie qui dépote sur une bande de trafiquants bien ringards. Une famille d’allumés va quitter momentanément sa banlieue parisienne pour un gros coup en Espagne, qui va partir en vrille totale. Au cœur de l’intrigue, le fils, idéaliste aux grands yeux de Droopy, qui encaisse avant de se révéler. Sa mère, matrone ultra voyante, se mêle de tout et n’a peur de rien pour sauver les meubles. Son ex beau-père, roi du premier degré, suit les meneurs et devient un obsédé du complot. Sa dulcinée fantasmée sort le grand jeu, pour en tirer son épingle dorée.

Ça fuse et ça balance. Gavras est un esthète de la fluidité visuelle et sonore, du flow cinématographique, qui a trouvé le bon tempo drolatique pour sa maestria technique, en coécriture avec Noé Debré et Karim Boukercha. Les situations rivalisent de cocasserie. Les dialogues jouent la saveur avec une vraie malice. Ouverture sur Michel Sardou et clôture sur Daniel Balavoine, entrecoupées de leitmotivs Laurent Voulzy… Ça défrise dans la mêlée avec l’ambiance rappeuse, maille et gros calibres. Karim Leklou, Isabelle Adjani, Vincent Cassel, Oulaya Amamra, Sofian Khammes, Philippe Katerine et François Damiens délirent à plein tube, de la candeur à la farce, en passant par les manipulations en chaîne. Un film de sales gosses brillants, entre parodie du cinéma de gangsters et épopée burlesque. Réjouissant.