Spider-Man: Homecoming

Les années collège

Troisième variation en quinze ans des aventures de l’homme-araignée au cinéma, cet opus signé Jon Watts, léger et personnel, retrouve le charme et l’esprit des tout premiers comic books consacrés au héros Marvel.

Quinze ans après le premier volet d’une brillante trilogie signée Sam Raimi, Spider-Man revient sur grand écran, incarné par un troisième interprète, Tom Holland, et mis en scène par Jon Watts. C’est peu de dire que la précédente incarnation du plus célèbre super-héros Marvel n’avait pas convaincu : le Spidey de Marc Webb, interprété par Andrew Garfield, échouait sur tous les tableaux : scénario, mise en scène et l’essentiel dosage entre humour et gravité qui caractérise le personnage. Pour cette réinterprétation, Jon Watts, sachant qu’il n’atteindrait jamais l’osmose parfaite du travail de Sam Raimi, a poussé le curseur à fond sur la légèreté. On entend déjà les puristes critiquer le manque de pathos caractéristique du personnage créé par Stan Lee et Steve Ditko. Mais si on y réfléchit quelques instants, l’approche de Watts colle finalement bien à la légèreté et à la naïveté des premiers comics, ainsi qu’à celle de la série animée de la fin des années 1960, où les vilains se réduisaient souvent à des super-cambrioleurs.

On pourra, bien sûr, trouver des défauts au film, et notamment le manque de panache des premières scènes de bagarre, ou le côté Avengers un peu usé et l’overdose de gadgets, dont le réalisateur va astucieusement se débarrasser au fur et à mesure de son récit. On pourra en revanche concéder à Jon Watts un certain mordant politique, à travers une vision un peu schématique de la lutte des classes, illustrée par le discours du Vautour (le toujours impeccable Michael Keaton) ou par les relations de vassalité qui unissent le fatigant Tony Stark et le triste et servile Happy Hogan. Mais le plus amusant dans l’affaire est que Watts soit parvenu à retrouver, le temps de quelques scènes, l’esprit de son précédent film, fort réussi. La course en voiture volée, conduite par un Spider-Man qui n’a pas son permis, rappelle finalement l’argument de Cop Car, qui voyait deux gamins chaparder la voiture de police d’un Kevin Bacon, policier véreux et particulièrement hargneux. Cette suite dans les idées, concrétisée au sein d’un des blockbusters les plus attendus de l’été, donne envie de suivre de près la filmographie de Jon Watts, qu’elle soit ou non consacrée au sympathique tisseur de toile.