La Sainte Famille

Un portrait de famille tendre et tragi-comique

L’acteur Louis-Do de Lencquesaing retrouve la réalisation après Au Galop (Semaine de la Critique 2012) et fait un grand pas en avant tant il embrasse avec densité et justesse l’étendue de son sujet : la famille. Il incarne Jean, universitaire qui se retrouve ministre de la Famille, père de deux filles, entouré de son épouse (Léa Drucker), sa mère (Marthe Keller), de ses cousines, grand-mère, frère… Les scènes de ce film choral se succèdent avec une belle fluidité pour faire exister cette galerie de personnages qui se croisent. 

Avec bienveillance et discrétion, sans jugement ni condescendance, le réalisateur dresse un portrait balzacien d’une famille bourgeoise à Paris, sur laquelle il porte un regard à la fois tendre et nonchalant. Il aborde les questions sociétales et la sexualité (PMA, GPA, adultère, homosexualité révélée du frère) avec élégance, dans un balancement entre la sphère privée et la sphère publique, entre les conventions et les conduites transgressives, sans départager ses personnages entre le camp des progressistes et celui des conservateurs. 

Sans manichéisme, sa seule obsession est de représenter la famille comme un îlot de résistance aux mouvements du monde, un repaire où se réfugient les solitudes et où les secrets peuvent s’épancher. La mise en scène de Louis-Do de Lencquesaing est à ce titre exemplaire, favorisant les plans-séquences qui permettent de préserver dans le cadre les trajectoires de ses personnages et de constater leurs interactions. 

La jubilation que provoque ce film tient aux instants de comédie derrière lesquels se cache une grande mélancolie. Tel le Robert Guédiguian des nantis, ou le Claude Sautet du 21e siècle, l’acteur-réalisateur anime sa troupe avec une émouvante sincérité.