Parents d'élèves

Papa ? Tu parles

Vrai baby-sitter, faux papa, âme de gosse : Vincent Dedienne a tout juste dans la comédie romantique à l’école de Noémie Saglio. Tchatche et vannes : ça nous parle.  

Il était une fois un papa (Vincent Dedienne) amoureux d’une maîtresse (Camélia Jordana). Un papa comme lui, il faudrait l’inventer : tellement cool, tellement drôle, tellement complice. Un vrai papa de conte de fées, quand l’histoire est belle. En vrai, il est faux, et c’est le truc du scénario : ce papa-là est une imposture, c’est le baby-sitter d’un gamin à la maman solo débordée, bref, absente, et tout ce qu’il veut, ce « daddy cool », c’est draguer l’institutrice du gamin qu’il garde, bien content, lui, le petit, de se trouver un papa de substitution – le jeune débutant Oscar Pauleau donne à son rôle du naturel, donc de l’évidence. 

Toute une galerie de parents d’élèves croquignolesques (Alix Poisson et Samir Guesmi sont impayables) est croquée par Noémie Saglio, au point que la supercherie du faux papa passe au second plan (il importe peu qu’il soit démasqué). La réalisatrice de Connasse, princesse des cœurs dépeint un petit monde de l’école aux parents d’élèves truculents, avec Vincent Dedienne en papa en chef d’une tribu d’adultes haute en couleur : chacun est très caractérisé, voire caricaturé (le papa compétiteur, la maman tête en l’air…), puisqu’il faut bien exagérer pour être comique. 

Tout en tchatche et en vannes ludiques (soit un mode de communication typiquement ado), Vincent Dedienne, faux papa immature et clownesque, impulse la dynamique de cette comédie au charme naïf, au romantisme presque enfantin. L’humoriste exploite son art de la parole, un phrasé au débit accéléré, parfaitement synchrone avec l’esprit vif de cette comédie : Vincent Dedienne ne se contente pas de gags de situation, il cherche à faire de sa parole une pulsation du récit, marquant le cours irrépressible des choses. Ce papa pas vrai parle vite, librement, drôlement, jouant à saute-génération (il parle comme parlent les enfants). Il imprime sa marque sur des dialogues jaillissants, qu’il a largement réécrits. Il réalise ce comique à la mécanique parfaitement décrite par le philosophe et psychanalyste Daniel Sibony : « Dans l’humour, c’est surtout le langage qui rit. L’humour, c’est faire rire la langue à nos dépens, et s’en consoler ».