Ocean’s 8

Girl's power

Ça tient du pitch et de l’opération marketing, Gary Ross n’est pas Soderbergh, mais l’ensemble a du punch, de l’humour et les actrices s’amusent. Alors nous aussi…

Adapté du film L’Inconnu de Las Vegas de Lewis Milestone (1960), où Frank Sinatra, Sammy Davis Jr, Dean Martin et quelques autres braquaient des casinos sur un ton rigolard, Ocean’s 11 reprenait, à l’aune des années 2000, les personnages créés par George Clayton Johnson et Jack Golden Russell. Bardé de George Clooney, Brad Pitt, Matt Damon, Julia Roberts et quelques autres, fort de dialogues ciselés, d’une ironie mordante et de pas mal de désinvolture élégante, le film remportait un énorme succès mondial, multipliait par cinq sa mise de départ et totalisait 4 658 537 entrées rien qu’en France. Il y eut donc une suite, Ocean’s 12, moins surprenante mais aussi enjouée, et bénéficiant d’une enthousiasmante scène de mise en abîme, où Tess Ocean, interprétée par Julia Roberts, se faisait passer pour… Julia Roberts. Ocean’s 13 était la suite de trop, celle où tout s’enlise et ronronne. La bande de Danny O. raccrocha les dés et les nœuds pap.

Drôle d’idée que d’inventer à Mister Ocean une sœur sortie des limbes (il n’en est jamais question dans les précédents films), et, accessoirement, de prison. Mais pourquoi pas ? Dans Ocean’s 8, « spin-off » des précédents (nouveau concept), Debbie Ocean, alias Sandra Bullock, se rend devant le tombeau de marbre de son frère (mais est-il bel et bien mort ? On se dit qu’on le vérifiera à l’épisode suivant, au cas où celui-ci remporterait le jackpot …) avant de réunir quelques amies pour un casse spectaculaire. Lors du Met Ball, le bal annuel du Metropolitan Museum de New York, elles vont dérober un collier Cartier d’un montant de 150 millions de dollars accroché au cou gracile d’une star du tapis rouge.

 

Ocean's 8 de Gary Ross. Copyright 2016 Warner Bros. Entertainment Inc.

Le film déroule son plan avec split screen et casting en accéléré, Sandra/Debbie a vite faite de s’allier son amie de toujours, Lou Miller (Cate Blanchett) et de recruter des spécialistes bon teint : une diamantaire, une hackeuse, une organisatrice née, une styliste, etc. Le cahier des charges est rempli, le décor est somptueux — inviter le spectateur au bal du Metropolitan Museum est une riche idée —, les actrices sont pimpantes et de plus en plus drôles au fur et à mesure de l’intrigue et des révélations. Et même les minorités visibles ne font pas complètement figure de quotas, il faut dire qu’elles s’appellent Mindy Kaling (The Office), Awkwafina (rapeuse 2.0 bien connue des djeun’s) et Rihanna (ben, Rihanna, quoi !).

C’est donc une recette, mais éprouvée. Huit excellentes comédiennes, une bonne dose de clins d’œil à la série originelle (deux membres de l’ancienne équipe apparaissent : saurez-vous les reconnaître ?), trois doigts de références à la France (un extrait de Jules et Jim, s’il vous plait ; une hilarante réplique dite en français dans le texte par Helena Bonham-Carter ; Charles Aznavour en B.O.), une rasade de féminisme. Servez chaud avec ces dames en mode promo intensive et délicieusement ironique. Et après ? Y a plus qu’à ne pas se rater sur Ocean’s 9, car pourquoi appeler celui-ci Ocean’s 8 si la trilogie n’était pas déjà prévue ?