Nous les coyotes

American Express

Une fille et un garçon, entre rêves et rançon de la Côte Ouest californienne. C’est le pari du premier film à la simplicité charmante d’un binôme de « Frenchies ».

Un duo français parti tenter l’aventure à L.A. Tel est le parcours d’Hanna Ladoul et Marco La Via, ex étudiants cannois et parisiens, et réalisateurs d’un documentaire sur les femmes dans l’extrême-droite, Le Populisme au féminin. Une transhumance dont ils ont tiré le scénario de leur premier long-métrage, et qu’ils ont transposée dans des destinées made in USA. De la fiction, avec en première ligne pour l’incarner, deux jeunes comédiens qui montent, et qui se sont glissés dans la peau d’Amanda et Jake en mode Actors Studio, immersion totale dès leur rencontre hors plateau. Morgan Saylor et McCaul Lombardi impriment les grains de l’image de leur cinégénie et d’une coprésence alchimique, entre entrain, inquiétude et résilience. Elle, solaire et révélée ado dans les séries télé Les Soprano et Homeland. Lui, espoir gracile et nerveux du ciné indé grâce à American Honey, Patti Cake$ et Sollers Point. Ensemble, ils font vibrer cette balade californienne.

Le duo de cinéastes traduit sur quelques heures de récit la quête d’ancrage. Un toit, un boulot. Elle se ramasse en entretien de taf devenu par miracle un stage bénévole de longue durée en vue d’un éventuel poste payé. Lui dépose son CV au petit bonheur la chance. Leur bagnole, qui finit à la fourrière, pourrait leur servir de nid provisoire voire plus, comme le vit plus d’un aspirant à la réussite dans la Cité des Anges. Sans cynisme ni angélisme, ce conte montre la paupérisation, la loi des séries, les rêves et les chutes dans la mégapole du tout est possible, du pire au meilleur. Avec une bienveillance dans la captation des visages entre béton et océan.

Le film est court, l’intrigue ramassée, les débouchées narratives rapides, mais elles chantent l’audace. L’envie d’y croire, idéal toujours bienvenu dans un monde à la dure, qui nivelle vers la dépression. Cette faculté de vouloir déjouer le déterminisme et la chute, c’est celle qu’ont réussi aussi les auteurs, avec peu d’argent et de temps de tournage, mais avec une volonté qu’ils ont transmise autour d’eux. Le collectif dans ce récit démarre à deux, puis s’étend à trois, puis à quatre. Comme les coyotes traînant la nuit sur les collines au-dessus de Mulholland Drive. L’aventure suit sa route depuis sa sélection à l’Acid à Cannes en mai. Quelle sera la prochaine étape d’Hanna et Marco ? Mysterious ways…