Madres paralelas

Méli-mélo

Deux femmes se croisent à la maternité ; leurs destins, par la suite, resteront étroitement mêlés. Penelope Cruz trône en majesté sur un film où le drame, à force de surenchère, perd de son impact.

Pedro Almodóvar raconte bien les femmes, encore mieux les mères. Ici, il fait se croiser deux « madres » par accident : la première, Janis, la quarantaine, a l’instinct maternel très développé et voit dans cette grossesse l’ultime chance de sa vie ; la seconde, Ana, 17 ans, est trop jeune et trop en manque de sa propre mère pour vouloir jouer ce rôle. Chacune met au monde une fille ; leurs chemins se séparent, puis se rejoignent alors que Janis se demande si sa petite Cécilia est bien sa fille, et que Anna lui annonce la mort subite de sa petite Anita… 

Le scénario est bien plus alambiqué que ça, mais à vous de le découvrir ! On retrouve ici l’ensemble de ce qu’on aime chez le réalisateur de Tout sur ma mère et Volver, un sens inné des lumières et des couleurs, des plans composés comme des tableaux pop, des hasards et coïncidences qui passent comme lettre à la poste, un amour inconditionnel pour ses personnages. Plus une interprétation chorale exemplaire et l’omniprésence magnétique de Penelope Cruz, qui n’est jamais aussi bouleversante que sous la direction de Pedro et y a gagné un prix d’interprétation très mérité à Venise. Il y a donc tout pour nous combler. Presque trop, hélas. 

Car il y a, dans les destins de ces deux femmes, suffisamment de mélo en gésine pour alimenter deux ou trois films. Et soudain, ça déborde. Almodóvar y ajoute encore une histoire de charnier datant de la guerre civile, où tous les hommes de son village, dont son arrière-grand-père, ont été ensevelis pêle-mêle et que Janis cherche à faire ouvrir pour leur donner une sépulture et tenir ainsi la promesse faite à sa grand-mère, qui l’a élevée. Ce sujet, si important dans l’histoire espagnole, aurait sans doute nécessité un film à part entière ; relégué en début et fin de Madres paralelas, il se greffe mal au reste et appesantit un film déjà plein comme un œuf.