Larguées

Mère et filles

Eloïse Lang envisage Miou-Miou, Camille Chamoux et Camille Cottin en trio mère-filles dans une comédie drôle et enlevée, remake du film suédois All Inclusive d’Hella Joof, où il est question du désir féminin à tout âge.

Françoise a la soixantaine bien portante, mais le moral en berne. Son mari l’a quittée pour une femme plus jeune. La voici à quai, l’estime d’elle-même piétinée et l’appétit de vivre proche du néant. Ses filles, Rose et Alice, jeunes quadras fringantes aux tempéraments trempés et dissemblables, embarquent leur mère en voyage à la Réunion, pour fêter ses 60 ans dans un club de vacances. L’une et l’autre, soudées dans ce projet, entendent bien requinquer leur mère bien-aimée. Sur cette île de tous les possibles, chacune remettra en question ses propres limites et laissera son corps parler.

Voici une comédie bien ficelée et menée tambour battant par une équipe à l’énergie XXL. Entre la réalisatrice et ses actrices, la complicité règne et cela se voit à l’image. Camille Chamoux et Camille Cottin, amies à la ville, sont dotées d’un peps et d’un tempo rapide qui suscitent le rire et l’adhésion, d’autant que le travail appliqué autour des dialogues facilite ce relief de jeu. À leurs côtés, Miou-Miou incarne la douceur et la force comique rentrée : le trio trouve son équilibre dans ces énergies complémentaires.

Au montage, un gag récurrent provoque des éclats de rire bienvenus (le couple de touristes chinois). À l’écriture, plusieurs personnages secondaires apportent une dose de mélancolie subtile à ce film désireux d’emballer et de séduire – et ça marche !

Léger bémol à cet ensemble réussi : l’usage abusif de musiques pêchues, certes, mais envahissantes et pas toujours très gracieuses, comme si le film ne se faisait pas suffisamment confiance.

Or, il y a de quoi rire et s’émouvoir dans Larguées : hommes ou femmes (côté masculin : mention spéciale au charismatique Johan Heldenbergh, l’acteur d’Alabama Monroe, dans le rôle du sauveur), ces personnages désaxés par le chagrin sont attachants et vivants. Leurs tourments sonnent juste et leur renaissance fait plaisir à voir.

 

  1. Lecture conseillée à l’issue du film : Sex and sixty de Marie de Hennezel.