L’Effondrement

La fin (imminente) de la société

La série française de Canal+ va sans doute devenir aussi culte que Black Mirror, qui extrapolait sur les dérives de notre société numérique et participative. 

En imaginant ce qu’il arrivera le jour d’après le collapse, L’Effondrement nous force à nous pencher sur la fin programmée de notre société, menacée par les catastrophes écologiques, la surpopulation, les carences en eau ou en matières premières …  C’est noir et aussi plein d’espoir sur la capacité de l’homme à se transcender.

Que fait-on quand tout s’arrête ? Quand les supermarchés ne sont plus approvisionnés, que l’électricité s’éteint ? Que les stations d’essence sont rationnées, et les centrales nucléaires sur le point d’exploser ? La nouvelle série de Canal + évoque le sujet au cœur de tous les débats écologiques : le collapse, l’effondrement, la fin de notre société. À travers huit épisodes, situés à des temps différents (J+2, J+25…), on voit comment les hommes se défendent pour survivre : piller un supermarché ; organiser, pour un riche homme d’affaires, une exfiltration vers une île avec d’autres nantis ; ou accueillir un groupe de fugitifs dans un village qui préparait l’effondrement depuis une quinzaine d’années. 

Les pires sentiments sont décrits avec finesse : l’homme d’affaires (Thibault de Montalembert) qui laisse sa femme derrière lui parce qu’elle ne répond pas au téléphone, et abandonne sa maîtresse pour rejoindre l’aérodrome ; la fugitive (Audrey Fleurot) qui tue un homme pour avoir des médicaments ; les batailles au corps-à-corps pour des bidons d’essence, dans les stations service où la monnaie d’échange est la nourriture, puisque l’argent n’a plus de valeur. 

Les meilleurs aussi, mais ils sont plus rares : quand les hommes ont peur pour leur vie ou pour ceux qu’ils aiment. Pourtant, la solidarité est plus héroïque, mais elle existe aussi. Quand le monde revient aux temps anciens, où toutes les lois ont disparu, sauf celle du plus fort, que fait-on ? Fascinante, terrifiante, ultraréaliste, la série est produite par Les Parasites, un collectif de cinéastes engagés, qui ont inventé les prémices d’un cinéma responsable (déchets, empreinte carbone…). 

Sur la forme, chaque épisode est un unique plan-séquence de 15 minutes, où l’on sent l’urgence et la précipitation de ces individus plongés dans un quotidien dont ils n’ont plus les codes, et qui nous immerge dans le drame. Bien construit, efficace et glaçant de réalisme. 

Claire Steinlen