Free Speech, Paroles libres

Au commencement était le Verbe

Un été, en Angleterre, un père met au défi son fils de 15 ans de réaliser un film sur la liberté d’expression. Tarquin Ramsay commence par interroger les passants londoniens sur le sujet. Cinq ans plus tard, le devoir de vacances s’est transformé en une quête initiatique itinérante, riche en rencontres hétéroclites.

 

 

Tarquin Ramsay nous le rappelle : c’est à l’adolescence que nous nous posons les questions les plus cruciales. Pour ce jeune homme issu de la génération Y, la liberté d’expression ne serait jamais autant menacée qu’aujourd’hui. Peu novateur, ce postulat témoigne toutefois d’une inquiétude légitime et largement répandue.

Auprès des victimes de la dictature biélorusse comme chez les représentants de l’acting hollywoodien, le documentaire tente de dessiner les limites auxquelles chaque citoyen est confronté dans son droit à dire ou à se taire.

Même si la variété des portraits et des intervenants s’avère être de bon ton pour un film traitant de la liberté d’expression, Free Speech, Paroles libres trouve sa limite dans son désir affiché de neutralité : nul contradicteur ne cherche à nous persuader que la démocratie existe réellement.

Construites autour d’un propos relativement homogène et mises en scène sans démarcation, les séquences se succèdent sans interpeller vraiment. A la différence du documentaire chinois High Tech, Low Life (Stephen Maing), qui s’était emparé de la même thématique en 2012, le narrateur et protagoniste s’intègre sans grande fantaisie aux débats qu’il initie.

Toutefois, in extremis, Tarquin Ramsay nous séduit. Dans une dernière partie consacrée à un monde imaginaire où la liberté d’expression serait totale, il ouvre une porte vers des solutions nouvelles. Les silences qu’il suscite alors sont univoques et révélateurs d’une problématique plus vertigineuse et passionnante encore : que faire pour se sentir vraiment libre ?

 

Hélène Robert