La suggestion du jour

Bancs publics

De temps à autre, au gré de l’inspiration, une suggestion, des idées – farfelues ou pragmatiques -, pour rendre notre quotidien plus poétique, convivial et joyeux. 

Et si l’on installait davantage de bancs publics dans les rues, devant les cinémas, à la ville comme à la campagne (sans les arceaux au milieu, qui empêchent les sans abris de s’allonger quand, ayant lâché la rampe, ils préfèrent s’enliser dans le sommeil et vivre une vie plus jolie dans le monde des rêves…) ? Cela permettrait de papoter des films qu’on a vus ensemble ou séparément, de partager des idées et de refaire le monde.

Je me souviens de trois dames âgées dans le village de Fresselines en Creuse, où je passe une partie de mes vacances d’été depuis ma plus tendre enfance. Le temps a effacé leur prénom de ma mémoire. Mais j’ai en tête leurs visages. Ils en disaient long sur ce qu’elles avaient vécu, sur le poids des ans… Réunies toutes les trois, côte à côte, sans enjeu autre que celui de passer un bon moment ensemble, elles avaient l’air de reines. Leur port altier, leur dignité sont inscrits, eux, dans ma mémoire. 

En France, à l’école, on apprend à ne pas faire de répétition. J’ai écrit deux fois le mot « mémoire » dans le précédent paragraphe. Je ne vais pas chercher de synonyme. Non pas par paresse, mais parce que la mémoire, c’est fondamental. On n’en parlera jamais assez.  On évoque souvent tout de même le « devoir de mémoire ». C’est important : il y a des comportements, des actes à l’origine de colossaux traumatismes qu’on ne voudrait plus jamais voir se reproduire. Vous savez très bien de quoi je veux parler. La liste est, hélas, longue comme la Tour Eiffel – and beyond. 

Alors cultivons cette mémoire. Entretenons-la ! Faisons des mots croisés, des sudokus (sur du papier, car il y a aussi une vie en dehors des écrans rétro-éclairés !) ; allons jouer de la musique et chanter dans les EPAD, dans les hôpitaux psychiatriques, dans les maisons de retraite. Tout ce qui peut stimuler la mémoire, les cinq sens, est bon à prendre. Faire respirer des parfums ou des huiles essentielles à des personnes qui ont « perdu la tête » peut réactiver des souvenirs heureux et faire re-circuler une énergie vitale puissante dans le corps d’un patient. 

Il y a aussi une chose fondamentale, indispensable et belle : LE TOUCHER. Je suis persuadée qu’en serrant la main des plus faibles et des plus vulnérables – y compris des clochards célestes, comme aurait dit Jack Kerouac -, on peut leur donner un peu d’espoir. Qui sait ? Peut-être qu’ils/elles reprendront ainsi pied. Car comme dit le dicton : bon pied, bon oeil. 

Bonne journée à toutes et à tous !

Bisous

NB. Cet édito a été écrit en musique :

  • L’Acquoiboniste, chanté par Jane Birkin (1978).
  • Ce qui nous lie est là, chanté par Camilia Jordana (2017), extrait de la bande originale du film Ce qui nous lie de Cédric Klapisch. 
  • Et si en plus y’a personne, chanté par Alain Souchon (2005).
  • Le Zèbre, chanté par Alain Souchon (1994).

Il a été relu dans le silence.