Crawl

Des sauriens sinon rien !

En ces temps estivaux, saupoudrés de canicule, rien de tel qu’un petit bain de mer. En plein ouragan. Avec des alligators. C’est en tout cas la prescription d’Alexandre Aja, qu’on valide entièrement. 

Il s’agit donc d’une histoire simple : une jeune fille, championne universitaire de natation, s’inquiète pour son père pendant un ouragan, en Floride. Faisant fi de toutes les précautions, toutes les annonces d’évacuation, elle fonce, et le retrouve dans le soubassement de la maison familiale. Le papa est en mauvais état, et l’endroit est surtout assiégé par des alligators énormes et pas commodes, que l’eau qui est en train de monter ne rend que plus agiles et dangereux. 

Le nouveau film d’Alexandre Aja, émérite réalisateur de Haute Tension ou La colline a des yeux, est un huis clos parfaitement maîtrisé, entre slasher et horreur pure avec des bestioles, dans la droite lignée des classiques, de Jaws à son propre Piranha 3D. Car Aja a déjà prouvé son savoir-faire en matière de film de genre ; le réalisateur français s’est d’ailleurs en partie exilé à Hollywood pour avoir les moyens de ses envies et de ses ambitions. Mais cette fois, il joue une nouvelle carte encore. Celle du huis clos « pas cher » et qui claque. Comme diraient nos cousins outre-Atlantique : « C’est ben fun » ! 

Un ouragan à l’extérieur, de l’eau qui monte, voilà qui suffirait à jouer la tension. Ajoutons-y des sauriens, et hop, c’est magique ! Dès les premières images, sans répit, Aja fait monter la tension. Parce qu’il a visionné et digéré tous les classiques du genre, il sait jouer de la surprise. Et même le spectateur le plus aguerri se retrouve à sursauter sur son siège. Aja sait que ce dernier a vu beaucoup de choses. Il ne cherche pas à faire « neuf », il cherche à faire « efficace ». Et il y parvient. 

Sa réalisation est impeccable. Comme les maîtres du genre, il épure. Pas d’esbroufe, pas de mouvements de caméra inutiles ou décoratifs, tout est au service de la narration, de la tension, qui grimpe aussi sûrement que l’eau. 

Une narration, là encore, qui suit une ligne assez simple, idéale pour laisser au spectateur éprouver ses sensations… D’aucuns la trouveront simpliste, et on peut regretter que certains personnages soient abandonnés, comme la sœur, ou sacrifiés comme d’autres (qu’on ne nommera pas : pas de spoil, ici !), mais en réalité, la seule histoire qui compte est celle de ces grosses bestioles et de cette Nature qui reprend ses droits, faisant peu de cas de l’Homme si peu adapté au monde qu’il a déréglé…  

En bref, Alexandre Aja se fait plaisir et nous livre un pur film de genre : des bêtes, des humains en galère et un petit message plus global au passage, qui fait du bien. Un parfait « bain de mer » estival, qui devrait ravir les aficionados comme ceux qui découvrent le genre et le talent de ce réalisateur qu’on aime suivre.