Cinéma dans le cinéma et zombis sont au programme de ce film présenté en ouverture du Festival de Cannes ce 17 mai, hors compétition. Michel Hazanavicius, une fois de plus, s’amuse avec les codes du genre…
Dès la première scène, l’actrice principale se fait hurler dessus par le metteur en scène déchaîné : la maquilleuse s’interpose, le jeune premier aussi. Ça tourne mal sur ce plateau de cinéma. Un film de morts vivants assez cheap – mais apparemment en un seul plan-séquence – semble se créer sous nos yeux ébahis : maquillage bleu ou vert, répliques hasardeuses, déambulations aléatoires… Et soudain, une malédiction ayant été révélée et réveillée sur le lieu de tournage, de vrais zombis font leur apparition. Tout individu normalement constitué arrêterait un film en de telles circonstances, mais c’est compter sans la volonté forcenée du metteur en scène, Higurashi (Romain Duris). « On continue de tourner, on n’arrête pas la caméra ! », vitupère-t-il face à l’objectif.
Adapté de Ne coupez pas !, premier long-métrage en 2017 du Japonais Shin’ichirô Ueda, sorti en France deux ans plus tard, Coupez ! en reprend la matière et la manière. Parfois au plan près. Passé maître dans l’art du détournement avec La Classe américaine à la télévision, puis, au cinéma, OSS 117 : Le Caire Nid d’espions (2006) et OSS 117 : Rio ne répond plus (2008), Michel Hazanavicius s’en donne ici à cœur joie avec une mise en abyme, voire plusieurs, et un hommage à la série Z fauchée. Sans trop divulguer, on peut dire que le film est en trois parties et que la plus hilarante (et la plus passionnante) est sans aucun doute la dernière. Comme dans le film initial. Avant, ça se traîne un peu, entre calamiteux pastiche de série z catastrophique et vannes foireuses à base de jeux de mots répétitifs ou de fluides peu ragoûtants.
Parmi les ajouts notoires, notons la présence sur le plateau d’un musicien perché et drolatique interprété par Jean-Pascal Zadi. Et la réalité assumée jusqu’à l’absurde du fait que Coupez ! est un remake, ce qui est aussi le cas du film dans le film. Si on ajoute la présence plus que parfaite de Grégory Gadebois et Finnegan Oldfield, tellement premier degré qu’ils en deviennent désopilants, mon tout est une œuvre bancale, mais sympathique. On en sort le sourire aux lèvres, c’est déjà ça !