Cannes 2019 : Le Daim

Georges, 44 ans, et son blouson, 100% daim, ont un projet.

Les avis de la bande :

 

Avec le parcours loufoque d’un homme désaxé (Jean Dujardin) qui se retrouve une raison de vivre à travers son blouson 100% Daim, le réalisateur Quentin Dupieux poursuit ses obsessions déjà en germe dans son premier film Steak, à savoir le jeu des apparences comme refuge à la solitude. Cette aventure, à la fois drôle et finalement assez émouvante, est une quête existentielle où personne n’est à l’abri de la folie pour exister dans l’absurdité du monde, pas même cette femme serveuse (Adèle Haenel) à l’apparente normalité. Chacun s’invente sa propre norme, comme Dupieux avec son cinéma, qui n’est pas si dénué de sens malgré son refus d’imposer un discours univoque.

Benoît Basirico

 

La nouvelle folie de Quentin Dupieux fait la part belle à Jean Dujardin, poilant dans un rôle de grand fêlé, fiévreux et narcissique, qui se parle à lui-même et ne se vêt ringardement que de daim. Face à lui, on retrouve avec plaisir la spontanéité – particulièrement déviante ici – d’Adèle Haenel, qui se hisse brillamment à hauteur comique de l’acteur oscarisé, rongeant son os sans jamais rien lâcher. Le duo fonctionne parfaitement pour le bonheur du spectateur pas chichiteux de quelques éclaboussures sanguinolentes. Humour noir, quand tu nous tiens !

Olivier Bombarda

 

Dans Le Daim, Quentin Dupieux continue son exploration de la franchouillardie, entamée avec Au poste !, en extérieur cette fois.  On retrouve toujours l’absurde qui a fait la réputation du réalisateur, mais de manière ici, parfois, plus raisonnable. Plutôt que le « délire », ce qui semble intéresser le cinéaste, c’est la France d’hier, pas encore « vintage », simplement surannée. Une passion pour le vieillot, des décors aux costumes en passant par les accessoires, doublée d’une variation assez convenue sur le métier de réalisateur font du Daim un petit film agréable, mais loin de la grande comédie qu’était Au poste!

Pierre Charpilloz

Comment fonctionne le cerveau de Quentin Dupieux pour faire naître des histoires pareilles ?! Son Daim pousse l’absurde à son point d’incandescence. Ou comment une obsession pour un blouson en daim dans la tête d’un aliéné seul au monde finir par prendre des dimensions quasi-cosmiques… C’est drôle, dingue et réjouissant ! Jean Dujardin, décidément libre, jubile, Adèle Haenel trouve le ton juste entre clairvoyance et folie douce, face au blouson-star, qui, par le jeu vocal de Dujardin et les cadres savamment composés par Dupieux, accède à un statut de personnage à part entière.    

Anne-Claire Cieutat

Pour son deuxième film d’affilée 100% français – langue, décors, interprètes -, Dupieux renouvelle son goût de l’absurde par un humour qui flirte avec les abîmes du « en tout bien tout horreur ». Un non-sens qui fait sens aussi grâce à un duo inédit qui fonctionne nickel, entre une star populaire et une vedette du cinéma d’auteur, au service des mêmes dialogues et situations ubuesques. Finement savoureux. Dupieux + Dujardin + Haenel + look total daim = ok !

Olivier Pélisson