Si j'étais un homme

Elle en a

Audrey Dana est une fille sacrément culottée. Après avoir regardé Sous les jupes des filles, déshabillant en un film choral cru et cruel, les dessous de la féminité, sa condition et sa sexualité, elle met un pantalon et enfile un caleçon équipé pour parler des garçons, s’en moquer et les aimer, se jouer de l’opposition entre les genres et proposer, en filigrane, une réconciliation entre le féminin et le masculin. Audrey Dana est une fille qui en a, « du clito » pour parler comme Houda Benyamina, la réalisatrice de la Caméra d’or Divines, et des couilles en vrai, dans Si j’étais un homme. Devant et derrière la caméra, cette fille qui n’a pas froid aux yeux prend tous les risques, assume tout, même le ridicule, joue et surjoue avec une énergie dingue, du burlesque de farce, des outrances loufoques, une mère de famille qui se réveille un matin la queue entre les jambes. Improbable mais vraie, comme une comédie joyeuse et délirante, elle joue sa nouvelle vie de femme avec un pénis. Son scénario sous hormones éreinte tous les clichés, sur le désir et le sexe masculin, et ça a quelque chose d’incroyablement jouissif. Audrey Dana en a, elle en fait trop, et alors ? Cette nana-là a des audaces de Feydeau de cinéma ­– qu’on songe aux grossièretés fécales de On purge Bébé. Le comique tire des grosses ficelles, mais plus c’est gros, plus c’est bon.