Les Animaux fantastiques

Norbert Dragonneau à pas dansés

Eddie Redmayne donne à Norbert Dragonneau, le héros des Animaux fantastiques, la nouvelle saga scénarisée par J.K Rowling, un air de clown candide. Une marche dansée à pas burlesques.

Il est le maître des Animaux fantastiques, créatures fabuleuses et monstres gentils. Il est magicien et zoologiste. Il est sorcier et il appartient au monde des sortilèges. Norbert Dragonneau, avec ses cheveux mousseux en bataille sur le front, ses yeux expressifs de kid émerveillés par les lumières de la ville, ses grandes cannes aux foulées longues et souples, a une sacrée allure, cette dégaine familière que l’on reconnaîtrait entre mille : le burlesque. Une façon de marcher en travers, de guingois, les pieds en canard.

Au cœur du mouvement et de l’écriture cinématographique de Chaplin, cette marche toujours proche du déséquilibre, au bord de la chute précipitée, est celle de Norbert Dragonneau. Avec ce héros à la fantaisie funambule, Eddie Redmayne met tout son corps en balance. David Yates, le réalisateur des Animaux fantastiques, lui avait suggéré d’être burlesque. « Il m’avait aussi suggéré de m’inspirer de Jacques Tati, dont j’ai regardé tous les films. Il était question aussi de lui donner des airs à la Buster Keaton. Quand il marche dans les rues de New York, où il est étranger, sa démarche est si particulière qu’elle ne ressemble à celle de personne. Il a une manière qui lui est propre de se tenir, qui est assez chaplinesque ».

L’incarnation au cinéma n’est pas seulement une affaire de jeu et d’art dramatique. C’est une présence et une action du corps. De la physicalité avec la musicalité. Pour inventer la marche particulière de Norbert Dragonneau, Eddie Redmayne a collaboré à nouveau avec le chorégraphe Alex Reynolds avec lequel il avait travaillé son formidable rôle oscarisé de Stephen Hawking, dans Une brève histoire du temps de James Marsh. Un travail d’exploration du corps, de muscles à solliciter spécifiquement, de postures à trouver. Pour Hawking, le miroir lui avait permis de trouver son personnage. Pour son rôle de la transsexuelle Lili Elbe, dans A Danish Girl, le chorégraphe avait aussi collaboré à la versatilité du corps de l’acteur anglais. Pour Norbert Dragonneau, il l’a aidé à trouver des pas dansés, le rythme de pas de bulle, agiles et légers.