Festival de Cannes Jour 12

Que reste-t-il de nos amours ?

Dernier jour de Festival, les images sont toutes entrées dans nos têtes et nos cœurs. Lesquelles sont restées et resteront. En attendant le palmarès, florilège d’impressions fortes.

C’est du cinéma et c’est aussi du théâtre. Ça parle de la mort et aussi de la vie. Du deuil, de la réconciliation, du baume que sont les histoires, toutes ces fictions qui nous aident à accepter et comprendre le réel et nous donnent l’élan pour continuer. Drive My Car de  Riyusuke Hamaguchi (d’ores et déjà Prix du Jury FIPRESCI et du Jury Œcuménique et qu’on espère retrouver ce soir haut placé au palmarès) est le film qui embrasse tous les films. Une merveille de poésie, de pureté et de générosité. Parmi d’autres moments inoubliables, un enlacement, lors d’une représentation d’Oncle Vania de Tchekhov, l’acteur qui incarne ce personnage parle en japonais, la comédienne jouant Sonia utilise la langue des signes coréenne et celle-ci, placée derrière son compagnon, tandis qu’elle l’enserre de ses bras, lui donne la réplique. Ses mains graciles volètent devant ses yeux à lui et les nôtres. C’est beau à pleurer et d’ailleurs, on pleure. « Nous nous reposerons, Oncle Vania… »

C’est une jeune femme cheveux, ras, habillée en mec, et soudain, au rythme strident d’une chanson anglaise, juchée sur le toit d’un camion, elle se déhanche, devient liane, fille et garçon, absolu mouvement, grâce démente. Elle danse et les frontières s’abolissent et ce qui émane d’elle fait chavirer les cœurs des hommes qui la scrutent et nos cœurs à l’unisson. C’est Agathe Rousselle dans Titane de Julia Ducournau, et si le film est perturbant et peu confortable, il reste. Ne serait-ce que pour cet incroyable moment…

Sur une île chargée d’images filmées, celle du maître suédois Ingmar Bergman,  une réalisatrice met en scène son double à deux époques, et lorsque l’une s’endort, sur un divan, l’autre soudain se réveille, élargit le champ et déploie la fiction, la grandeur des images, la puissance du cinéma. C’est Bergman Island de Mia Hansen-Løve, et la mémoire nous est vive encore de ce frisson. Que reste-t-il de nos amours ? Tant et tant de choses. Puisque le cinéma est l’air que nous respirons… Place à Spike Lee et son jury pour le palmarès de cette édition du Festival de Cannes 2021. Go, go, go Spike ! On y croit…