Cannes 2021

Année pléthorique

Parmi les 2000 films vu cette année par les sélectionneurs du Festival de Cannes, soit « un an et demi / un an trois quarts » de films, selon la formule de son délégué général, plus d’une soixantaine forment donc la cuvée 2021. La différence avec le monde d’avant ? « On avait l’habitude de s’embrasser en haut des marches, on ne s’embrassera pas, mais le cœur y sera. », a déclaré Thierry Frémaux.

Présentée dans un contexte particulier après une année blanche, la Sélection officielle du 74e Festival de Cannes s’annonce plus « ogresque » (on dépasse les 60 films) que jamais. Il est vrai que Thierry Frémaux et ses équipes ont dû faire le tri entre des films présentés l’année dernière (comme Tre Piani, de Nanni Moretti et The French Dispatch, de Wes Anderson) et des œuvres dont la production s’est poursuivie pendant la pandémie. D’où une Compétition présentant pas moins de 24 films, une sélection Un certain regard recentrée sur les premiers films et les œuvres de recherche, une nouvelle sélection Cannes Premières pour recalés prestigieux de la compétition, sans compter une sélection « éphémère » autour de l’environnement, les avant-premières et autres séances de minuit. Les festivaliers devront donc faire un tri sévère chaque jour devant une offre pléthorique, d’autant que les sections parallèles (Semaine de la Critique, Quinzaine des Réalisateurs et ACID) n’ont pas encore annoncé leurs programmations.
En attendant de se laisser surprendre sur place, voici un petit tour d’horizon, subjectif, des attentes suscitées par les diverses sélections : Tromperie, qui confronte Arnaud Desplechin à l’un de ses auteurs fétiches, Philip Roth ; Annette, de Leos Carax, qui donne de ses nouvelles après une longue absence ; Les Petrov, la grippe etc, d’un Kirill Sebrennikov loin de Leto et donc forcément, on l’espère, surprenant ; Les Olympiades, de Jacques Audiard, coscénarisé avec Léa Mysius et Céline Sciamma ; Titane, de Julia Ducournau, après son premier et prometteur Grave ; Bonne mère, autre second film très attendu, cette fois de Hafsia Herzi ; Babi Yar. Context, documentaire du toujours passionnant Sergei Loznitsa ; The Velvet Underground, de Todd Haynes, encore sur le front du documentaire, tout comme Cow, d’Andrea Arnold, consacré à deux vaches ; La civil, premier film intrigant de Teodora Mihai ; le potentiellement explosif Nitram, de Justin Kurzel ; In Front of Your Face, de l’inépuisable Hong Sang-soo ; Memoria, d’Apichatpong Weerasethakul  et, bien sûr, Tre Piani et The French Dispatch, cités plus haut.

Sur le front des regrets, on notera l’absence de The Way of the Wind, de l’insaisissable Terrence Malick ; Le Journal d’Anne Frank, du passionnant Ari Folman ; The Tragedy of Macbeth, premier essai en solo de Joel Coen ; Viens, je t’emmène, d’Alain Guiraudie  ou encore Mali Twist, de Robert Guédiguian.

Mais, on le sait, la Sélection officielle a encore quelques ressources cachées et les sections parallèles, en plus de leur mission d’exploration des nouvelles cinématographies, auront quelques signatures prestigieuses à ajouter à leurs programmations très attendues.