Visages, villages

Festival de Cannes 2017

Agnès Varda et JR partent en vadrouille pour faire un film, au fil du temps et des images, au fil des rencontres et des envies. «Le hasard a toujours été mon meilleur assistant», dit-elle. La cinéaste de 88 printemps qui a débuté comme photographe et le jeune artiste photographe de 33 ans qui expose sur les murs du monde entier montent dans un camion ressemblant à un gros appareil photo, en route pour l’aventure. Ils dialoguent entre eux, se chamaillent gentiment (elle voudrait tant qu’il enlève ses lunettes noires) et s’amusent à créer ensemble des images. Ils photographient une ribambelle de villageois semblant croquer dans une baguette infinie ; offrent à Janine, dernière habitante d’un coron, son image en grand sur sa façade —«Que puis-je dire ?» demande-t-elle bouleversée devant le résultat— ; ou mettent en lumière sur des containers trois femmes de dockers au Havre. Comme un coq à l’âne, ils imaginent des moments qu’ils partagent avec les gens et avec nous spectateurs, ravis devant tant d’inventivité joyeuse, de complicité artistique. Ils parlent d’eux, et d’art. Le temps passe et ils parlent de ça, du temps qui passe. Des yeux d’Agnès qui ne voient plus très bien, de ses jambes qui lui font dire «j’ai mal à mes escaliers». Ils prennent le train pour la Suisse, dans l’espoir d’y rencontrer Godard, «un ami de longue date» qu’Agnès avait réussi à photographier sans ses éternelles lunettes noires… Ce qui se passe ensuite, on vous le laisse découvrir, pour ne pas dévoiler plus avant ce film léger, charmant, bouleversant qui met les larmes aux yeux et le bonheur au cœur.