Cannes 2016

Le palmarès

Selon un rituel bien établi, l’assez longue cérémonie qui clôturait cette édition 2016 a débuté avec la remise de la Palme d’Or du court-métrage. La Fille qui dansait avec le diable, court-métrage brésilien, obtient une mention spéciale, tandis que Timecode de Juanjo Giménez Peña, qui fut le plus populaire à l’applaudimètre, obtient la Palme d’Or du court-métrage.

Également très remarqué lors de sa présentation à la Quinzaine des réalisateurs, Divines de Houda Benyamina, double notamment Grave de Julia Ducournau, et Dogs de Bogdan Mirica, dans ce qui fut une belle compétition de premiers films et obtient la Caméra d’Or.

Du côté de l’interprétation masculine, Shahab Hosseini, qui travaillait pour la troisième fois sous la direction d’Asghar Farhadi, est justement récompensé pour son rôle de mari obstiné à retrouver l’agresseur de sa femme, dans Le Client qui reçoit, par ailleurs, le Prix du scénario.

Il faut espérer qu’Andrea Arnold affectionne le Prix du Jury, puisqu’elle le remporte une troisième fois en trois séjours cannois. On ne pouvait en espérer plus pour American Honey, qui marque peut-peut-être un premier ralentissement dans la carrière de la brillante cinéaste britannique.

La fidélité entre comédiens et cinéastes semble payer puisque Jaclyn Jose, qui tournait pour la quatrième fois dans un film de Brillante Mendoza, obtient le prix d’interprétation féminine. Son engagement dans une œuvre rigoureuse et exigeante lui a valu de battre notamment une bouleversante Sonia Braga, qui avait ému les festivaliers dans Aquarius.

On peut en revanche questionner le prix de la mise en scène partagé entre Personal Shopper et Baccalauréat. Si Olivier Assayas, qui a déjà été plus brillant, n’en méritait peut-être pas tant cette année, Cristian Mungiu, lui, signe comme toujours un film à la rigueur impressionnante, qui méritait peut-être plus.

Contrairement à Andrea Arnold, Xavier Dolan progresse, lui, puisqu’après un demi-prix du jury (partagé avec Adieu au langage de Godard) en 2014 pour Mommy, il obtient le Grand prix pour son adaptation de Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce. Brillamment porté par un casting poids lourd, le film, qui semble marquer une transition dans la filmographie du cinéaste, a de toute évidence séduit le jury.

Si l’histoire avance pour Dolan, elle bégaie avec un certain bonheur pour Ken Loach, qui repart avec la seconde Palme d’Or de sa carrière. Mélodrame engagé, finalement très loachien, comme l’avait annoncé Thierry Frémaux il y a un mois, Moi, Daniel Blake donne l’impression que cette année le contenu, plus que le contenant, a été récompensé par le jury présidé par George Miller. Le film, qui a plusieurs défenseurs à la rédaction de Bande à Part, parait néanmoins bien conventionnel dans son style face à l’audace de Maren Ade (Toni Erdmann), favorite de la presse cette année, ou à la maitrise de Cristi Puiu (Sieranevada), repartis bredouilles.