Sur la carte de Saint Amour

Benoît Delépine et Gustave Kervern au comptoir

Parti de Paris, arrivé à Paris, Saint Amour boucle en trois jours et quelques impasses un tour de France des vins avec Depardieu et Poelvoorde, père et fils. Gustave Kervern et Benoît Delépine, réalisateurs sans modération, ont pris la route. Itinéraire d’un road-movie arrosé.


Paris


 

Gustave Kervern : « Au Salon de l’Agriculture, d’où partent Benoît Poelvoorde et Gérard Depardieu, tous les vignobles de France sont représentés. La route des vins, comme le film, débute ici à l’intérieur du Salon, avec les vins d’Alsace et le dessinateur Blutch. Puis vient la vraie route des vins, la Bourgogne, près de Chablis, une halte dans un petit pavillon, où habite un homme joué par Michel Houellebecq. »

Benoît Delépine : « À Paris aussi, on fait du vin. À Montmartre, Sébastien Tellier, qui a composé la musique du film, habite en face de vignes. Le vin de Paris est une piquette faite avec du Chardonnay.  C’est un cépage qu’on peut même récolter sur des terrils. Un copain en fait dans le Nord : son vin s’appelle le Charbonnay. Ce genre de vin se boit comme du vin de soif. »


Beaujolais


 

Gustave Kervern : « Le Saint-Amour est un vin du Beaujolais. On ne connaissait pas le Beaujolais, on a découvert une belle région vallonnée, plantée partout de vignes. Je savais par Benjamin Biolay, qui est originaire du coin, qu’il y avait de très grands vins, mais je ne les avais jamais goûtés, parce que j’aime plutôt les Côtes du Rhône : le Condrieu, un blanc doux, est un de mes vins préférés. »

Benoît Delépine : « On avait une image bourrin du beaujolais nouveau, alors qu’on a dégusté là-bas des grands crus, très proches des bourgognes.  On a eu envie de faire Saint Amour pour ça, pour voir d’où venaient ces merveilles que nous buvions avec gourmandise, comme le châteauneuf-du-pape, qu’on adore, ou le beaumes-de-Venise, qui est fort, fruité, puissant. J’ai un vrai beau souvenir avec Claude Chabrol, avec qui nous avions bu ce vin sur Avida. Quand on a tourné, nous étions tous farcis, c’était magnifique. Il a eu dans l’œil une lueur inouïe, dans ce rôle hallucinant de zoophile amateur de chevreuil. »

Gustave Kervern et Benoît Delépine, réalisateurs de Saint Amour, montrant la carte des vins


Le Charentais


 

Benoît Delépine : « On a tourné dans une foire agricole dans le coin, à Ruffec. Il y avait une fête et on a fait le pari avec Benoît Poelvoorde de tourner honnêtement les dix stades de l’ivresse que l’on voit dans le film. Il a commencé à jeun le matin et il a fini totalement ivre vers 2h du matin le même jour. »

Gustave Kervern : « Les plans que nous avions tournés à Saint-Émilion n’ont pas été conservés au montage. Dans la région, on a tourné aussi des scènes censées se passer dans le Bordelais : Bordeaux, ça a été tourné à Poitiers, parce qu’on a trouvé là les cabanes dans les arbres qu’on voulait mettre dans le film. On a fait ce qu’on pouvait pour être sur la vraie route des vins, mais on a aussi triché, et on a fait des impasses. C’était impossible de faire toute la route des vins de France, car des vignobles, il y en a partout. »


Côtes du Rhône


 

Benoît Delépine : « On a tourné pour Saint Amour dans la région de Dieulefit, dans la Drôme, où souffle un vent qui rend les gens un peu fous. Il y avait des punks à chiens, des anciens hippies, des bars où l’on se sentait comme chez nous. On a fait venir ici le prophète du film, un vrai prophète, qui vit dans le 18ème arrondissement de Paris. Il s’appelle Jean-Louis. »


Languedoc-Roussillon


 

Gustave Kervern : « Après la Drôme, il y a eu Saint-Chinian, dans l’Hérault, et le Languedoc dont on aime bien les vins. On a abandonné ici Gérard Depardieu et Benoît Poelvoorde. Comme c’est un road-movie, il y a beaucoup de scènes en voiture, forcément : c’est vite devenu un enfer d’être coincé là-dedans, pour Poelvoorde comme pour Depardieu, qui portait une perruque qui lui tenait très chaud. Vincent Lacoste a tourné seul, à Carcassonne, les scènes où il est au volant de son taxi. Il parlait à des sièges vides, étiquetés au nom des acteurs. »