Victoria

Ce film est une ode, un chant d’amour aux années qui ont changé les femmes. Ici, structurellement, politiquement et sentimentalement, tout est mouvement. Premier mouvement : Delphine, fille de paysans et fière de l’être, entend bien vivre sa vie dans la ferme de ses parents, mais elle se cache pour voir son amoureuse, et lorsque celle-ci part à la ville, quelque chose se rompt. Deuxième mouvement : celui, baptisé MLF, pour la Libération de la Femme, qui, éclos avec mai 68, dure et perdure en 1971. Delphine, montée à Paris, rencontre des militantes en pleine action dans la rue (elles mettent la main aux fesses des hommes, pour leur faire ressentir un peu ce que ça fait !) et s’électrise en entendant l’une d’elles, Carole, affirmer : « On n’est pas contre les hommes, on est POUR les femmes ». Troisième mouvement : alors que Delphine est retournée travailler aux champs à cause de la maladie de son père, Carole dépérit sans son amante et quitte son compagnon pour la rejoindre. Elles vivent alors leur passion à l’insu de la mère de Delphine, femme généreuse qui a passé sa vie à travailler. Du corps terrien de Delphine sur son tracteur aux courbes graciles de Delphine alanguie sur un lit ; des mains qui tendent des tracts et des bouches qui énoncent des principes aux mains qui caressent et aux bouches qui embrassent ; des gestes des féministes jetant du mou de veau sur un médecin anti-avortement aux élans irrépressibles qui poussent Carole et Delphine dans les bras l’une de l’autre : la vitalité de la mise en scène est communicative. L’image, solaire et lumineuse, accompagne une double révolution pleine d’allégresse, celle, générale, des femmes qui se battent pour exister autrement et celle, intime, de Delphine et Carole.