The Major

C’est l’histoire d’un dérapage. Dans tous les sens du terme. Sergueï Sobolev est appelé au petit matin pour rejoindre à l’hôpital sa femme en train d’accoucher. Il fonce en voiture sur une route enneigée, prend de la vitesse, et ne peut éviter un enfant qui traverse. Il enferme la mère du gamin dans son 4×4 et passe un coup de téléphone. Arrivent sur place deux représentants des forces de l’ordre, qui font en sorte d’aider leur supérieur : car l’homme est le « Major » du titre, le chef de la police. Ce qui se présente comme une sale manigance pour effacer un crime devient une infernale glissade vers le pire du pire. Ce film de genre, entre polar et western, tient la tension de bout en bout pour dire sans équivoque, à travers l’usage délétère que fait la police de son pouvoir, l’état actuel de la Russie où les puissants règnent en maîtres sur les misérables. C’est le deuxième long-métrage de Yuri Bykov, qui interprète Kroshunov, l’ami et le double de Sobolev, et signe également le montage et la musique. En scope et couleurs froides, au plus près des visages et dans les éclats de violence qui zèbrent les regards, la mécanique implacable et terrifiante se met en place. Devant l’accumulation de violences, on a peine à le croire : ça ne dure que le temps d’une journée, avec passage à tabac, attaque du commissariat par le père de l’enfant, et impossibilité pour Sobolev, pris d’une culpabilité tardive, de revenir en arrière. Comme un coup de poing à l’estomac, The Major frappe fort et laisse KO.