Violette

De Violette Leduc, on connaît au mieux son roman à succès paru en 1964, La Bâtarde, son aura de scandale, son amitié avec Simone de Beauvoir. Martin Provost, après s’être attaché au destin singulier de la peintre Séraphine de Senlis en 2008, dans Séraphine, dessine ici le portrait d’une artiste tout aussi complexe. Il nous révèle sa vision de Violette, femme blessée depuis la naissance qui se sentait laide, aimait follement sa mère autant qu’elle la détestait, était bisexuelle, tombait amoureuse d’êtres qui ne l’aimaient pas en retour et écrivait comme on crie, douloureusement, furieusement. C’est en 1942, alors que Violette Leduc vit avec Maurice Sachs, écrivain homosexuel, que Martin Provost choisit de démarrer sa biographie, quand, sous l’injonction de son compagnon, elle se jette dans l’écriture de L’Asphyxie, premier roman très autobiographique. Chaque rencontre décisive (Sachs, Beauvoir, Genet…) donne lieu à un chapitre à l’écran. Malgré des longueurs, sans jamais faire peser le poids de la reconstitution d’époque, le film aux teintes hivernales et à la mise en scène sobre, se déploie et emporte grâce à ses comédiens (Olivier Py et Jacques Bonnaffé sont extraordinaires). Emmanuelle Devos, enlaidie, brute et brutale, est un corps en marche qui ne cesse de se cogner à la vie, dans une de ses interprétations les plus courageuses, même si sa filmographie n’en manque pas. Face à elle, inattendue et parfaite, Sandrine Kiberlain campe une Simone de Beauvoir hiératique et fragile, ambiguë et fascinée.