Mud – sur les rives du Mississippi

Il est stupéfiant d’observer l’émergence fulgurante d’un jeune talent comme Jeff Nichols dans le cinéma américain contemporain. Pur produit du southern gothic (Les Bêtes du Sud sauvage, L’Autre Rive…), fils spirituel de Terrence Malick et protégé du réalisateur David Gordon Green, Nichols a immédiatement su imposer un ton personnel, où l’observation sociale croise les préoccupations religieuses et où le drame intimiste se filme comme une fresque.

Après Shotgun Stories et Take Shelter, où le jeune cinéaste s’imposait rapidement comme un peintre subtil de l’Amérique rurale, Jeff Nichols, pour sa troisième œuvre, gagne en ampleur et déploie une forme lyrique autour d’une relecture contemporaine de Tom Sawyer et du parcours de deux adolescents investis aux côtés de Mud, un repris de justice en fâcheuse situation. Le beau classicisme de la mise en scène sert merveilleusement ce récit initiatique au masculin, où Matthew McConaughey, en grand enfant blessé, dévoile une facette inattendue. Assurément l’un des plus beaux films américains de ces dernières années.