Le Pont des espions

Du grand Spielberg

1957, en pleine guerre froide, Rudolf Abel (Mark Rylance), homme discret, peintre à ses heures, et espion pour le compte de l’Union Soviétique est arrêté par le FBI. James B. Donovan (Tom Hanks), avocat efficace, est mandaté pour lui éviter la peine capitale et pouvoir l’échanger contre un pilote américain détenu par les Russes. Il accepte d’abord l’affaire au nom de la Constitution, tout accusé ayant droit à être défendu. Et ce malgré l’hostilité de sa famille et de l’Amérique entière, qui ignore les dessous des négociations. Ceci fait, Donovan devra se rendre à Berlin-Est pour organiser l’échange, mais il veut aussi délivrer un étudiant américain arrêté du mauvais côté du mur… C’est du grand Spielberg, inspiré de faits réels et mené tambour battant. Complexe, passionnant, posant des questions morales qui résonnent encore aujourd’hui. La reconstitution minutieuse et splendide des années 1950 donne à la fois la mesure de l’American way of life, de la paranoïa omniprésente et de la peur panique de l’arme nucléaire, ainsi que l’ambiance fantomatique qui règne à l’Est, où des ombres inquiétantes se faufilent dans des rues grises et enneigées ou des bureaux étouffants. La mise en scène est constamment élégante, inventive. Dominant une distribution impeccable, Tom Hanks est parfait en « homme debout », face au petit être chétif aux grands yeux expressifs auquel Mark Rylance apporte un exceptionnel supplément d’âme.