La lumière d’abord. Sublime éclairage estival de l’Aude, du Languedoc-Roussillon, que le chef-opérateur Yannick Ressigeac capte avec acuité et un sens du cadre épatant. La gamme chromatique, le rendu de la nature, des éléments, des peaux, des cheveux, des regards, transpirent le désir et l’appel au plaisir. La luxuriance du jour, mais aussi la densité de la nuit. La parole ensuite, libératoire, exultante, décapante. Frangins trublions libertaires du cinéma français, les Larrieu construisent leur film sur l’échange verbal comme moteur de l’action, des rencontres, et comme déblocage des verrous intérieurs de ce récit d’apprentissage. Karin Viard, scotchante Pattie passeuse, conteuse, jouisseuse et soudain amoureuse, force la carapace de Caroline l’endormie. André Dussollier, tordant en visiteur aux sautes d’humeur de haut vol, humanise l’image de la mère défunte. Et Isabelle Carré, dans le riche rôle central, joue avec l’audace des timides la révolution d’une quarantenaire pépère qui s’ouvre enfin à la vie, quand sa génitrice passe l’arme à gauche. Ce qui s’annonce comme une virée naturaliste bascule vers l’étrangeté drolatique, puis le vertige initiatique et libérateur. Les cinéastes osent le mélange détonnant de l’échappée belle, du conte et du fantastique. Avec des apparitions cocasses – génial Denis Lavant ‑, et une bande-son limpide, d’accords inquiétants en titres rock et airs de bal aoûtien. Réjouissant.