Unbreakable Kimmy Schmidt

L'apocalypse n'aura pas lieu

Avec Unbreakable Kimmy Schmidt, Netflix se pose comme un nouveau producteur de contenus compétitifs, y compris dans la comédie. Portée par une héroïne naïve et colorée, cette série est un mix de kitsch et d’ironie salutaire. Une vraie réussite pour un parti-pris loin d’être évident de prime abord.

Tout ça commence très simplement. Quatre femmes enfermées dans un abri anti-atomique par un gourou qui les a convaincues que l’apocalypse a eu lieu. Et qui sortent quinze ans plus tard. Les voilà dans un tourbillon médiatique. Et l’une d’entre elles, Kimmy, décide d’en profiter pour reprendre une vie « normale » à New York. Hébergée par un acteur homo au chômage et sa logeuse intrusive, elle trouve un job d’assistante chez une riche « femme de » en pleine crise. Si la nouvelle série de Netflix nous convainc, c’est que tout ceci est, en fait, le prétexte à une féroce comédie. Si Kimmy est plongée dans un monde parfaitement réel et un rien désespéré, son sourire à toute épreuve et sa propension à voir la vie avec des couleurs aussi éclatantes que ses vêtements créent un contraste propre à l’hilarité. Portée par l’énergie phénoménale d’Ellen Kemper (vue dans The Office) et visiblement fermement engagée sur les rails caustiques de Tina Fey, coscénariste et productrice, figure historique du Saturday Night Live, Unbreakable Kimmy Schmidt nous embarque dans des aventures rocambolesques, certes, mais profondément liées à notre société actuelle. Avec son regard presque neuf, Kimmy nous confronte à nos défauts, personnels et collectifs. La société de consommation, par exemple, est l’une des choses qu’elle comprend le moins. La place dominante de la technologie, les nouveaux codes d’une société qui ne sait plus communiquer, tout cela lui échappe… Elle ne sait pas comment parler aux gens, a beaucoup de mal avec l’ironie et pratique la règle du zéro cynisme. En quelques mots : elle détonne, sans même le vouloir. Entre petites vannes et situations rocambolesques, les résonances sont immédiates, les références font mouche et on aime tous les protagonistes, Kimmy, bien sûr, mais aussi ses acolytes, de Jane Krakowski à Jon Hamm, délirant gourou charismatique. Le tout se déroule de façon agréable, la narration se déploie relativement vite, permettant de découvrir d’emblée les facettes des personnages qui nous les rendent sympathiques et nous donnent envie d’en voir plus, histoire de garder le sourire.