Petite, blonde, sexy en diable et irrésistiblement drôle : depuis quand le petit monde de la télé américaine n’avait pas été soufflé par une telle tornade ? Focus sur la séduisante série Parks and Recreation.
Transfuge, comme tant d’autres, du Saturday Night Live, Amy Poehler, dans le rôle de Leslie Knope qu’elle s’est confectionné sur mesure dans la série comique Parks and Recreation, est un peu la grande sœur qu’on rêverait tous d’avoir. Pêchue, jamais à court d’idées, positive sans être exaspérante, pimpante, aimante, adorable, excessive, futée, irrésistible… et on pourrait en jeter encore que la coupe ne serait jamais réellement pleine, tant l’humour et l’aura de cette femme ne cessent, d’épisodes en épisodes, de plaire et de se réinventer.
Alors que la sixième saison de ce sitcom (non enregistré devant public, mais partageant avec le genre un format d’épisodes court, et une science de l’écriture comique basée sur le rythme et la réplique-qui-tue) vient de débuter sa diffusion sur NBC, Leslie Knope, employée du département des parcs et loisirs de l’État de l’Indiana, dans la petite ville de Pawnee, s’impose en effet comme un des personnages les plus chaleureux et attachants jamais vus sur petit écran.
Comme sa jumelle Tina Fey qui s’est inventé celui de Liz Lemon dans 30 Rock, Amy Poehler a su infuser à son écriture un féminisme nouveau genre, celui qui permet aux femmes d’être ambitieuses et déterminées, mais sans le côté glaçant des working girls des années 1980 ou celui, revendicateur, des amazones des années 1970. Non, chez les deux reines de la nouvelle comédie américaine, la femme est à sa place parce qu’elle en a décidé ainsi et qu’elle s’en est donné elle-même les moyens, avec générosité et solidarité (il faut voir comme Leslie prend sous son aile la jeune secrétaire April…). À la différence près que Poehler a su réussir à négocier le virage romantique de sa série, laissant son personnage tomber amoureux, alors même que sa carrière politique municipale décolle, en s’attaquant à l’impossible nœud de vipères qu’est devenue la conciliation des ambitions personnelles et professionnelles des femmes.
C’est aussi l’ombre d’un autre grand qui plane sur Parks and Recreation et sa galerie d’adorables stupides : celle du scénariste Aaron Sorkin (À la maison blanche, The Newsroom). Non pas que la demoiselle ait, elle aussi, tendance à verser dans la leçon de morale républicaine, mais bien davantage parce qu’elle partage avec l’écrivain un idéalisme politique rare et précieux. Celui-là même qui est la clé de l’incroyable détermination de ce petit bout de femme, fan jusqu’à l’adoration de Joe Biden, à servir le bien commun, à croire coûte que coûte que tout est sans cesse améliorable, à se dépasser sans cesse pour que la communauté grandisse. Une image de la femme et de la politique dépoussiérée, candide, peut-être, mais pleine d’un enthousiasme et d’une drôlerie inspirants : toute petite par la taille, Parks and Recreation n’en est pourtant pas moins une grande.