Gotham

Gotham réinvente Batman

La nouvelle série revient sur les origines de la ville qui a vu grandir l’homme chauve-souris, des années avant l’avènement de la Batmobile et de son conducteur masqué. Avec succès.

Dans un monde cinématographique où les super-héros et autres Avengers tiennent le haut des affiches, l’arrivée de Gotham dans le petit écran a quelque chose de logique.

Mais là où Marvel Agent of SHIELD, par exemple, joue la carte de la « vie parallèle » et d’une société qui coexisterait avec les films des Avengers et autres Iron Man, Gotham se pose comme un « reboot » de Batman.

À savoir le retour aux origines de l’homme chauve-souris, à partir du moment où ses parents se font assassiner devant ses yeux. Il n’est alors qu’un enfant, que le drame va bouleverser, avant de le pousser sur le chemin d’une envie de justice forcenée, du haut de ses quelques neurones. Aidé de son fidèle Alfred, il va grandir… un peu.

Le héros de Gotham, ce n’est donc pas tant le petit Bruce Wayne de 10 ans, qui tente de se construire malgré tout, mais un Jim Gordon que l’on découvre.
Il est jeune, ambitieux et a surtout un sens aiguisé du devoir, du bien et du mal. Et il va vite se rendre compte que Gotham n’est pas une ville facile. Elle est sombre, gangrenée de l’intérieur : la corruption et les magouilles y sont loi.

Dans la ville, les malfrats, organisés en clans qui, bien sûr, se font la guerre, sont menés par des chefs très charismatiques, du « classique » Carmine Falcone à la vénéneuse Fish Moon. Le tout sur fond de montée de divers méchants bien connus des amateurs de Batman, d’un Pingouin qui se cherche encore – le psychopathe parfait avec mère abusive et trouble de la personnalité – à une Selina Kyle petite voleuse, en passant par une certaine Ivy Pepper, qui n’aime rien tant que les plantes.

Bien sûr, cela ne suffit pas à faire vivre un univers et la série regorge de petits nouveaux, du très brut partenaire de Gordon à la petite amie de ce dernier, en passant par une avocate à la dent dure, qui tente de faire ce qu’elle peut dans une ville complexe. Somme toute, la série avance à grands pas, et dès la moitié de la première saison, la noirceur et le côté désespérément glauque de Gotham sont mis en place. Les protagonistes sont attachants, des psychopathes aux gentils, tous ont de multiples facettes et se révèlent un peu plus au gré des situations.

Le tout inscrit au cœur d’une mise en scène efficace, qui évite d’en montrer trop dès qu’elle le peut – télé américaine, quand tu nous tiens… – mais qui, par conséquent, fait la part belle à la suggestion.

Il faut dire que l’univers de Batman a toujours été très sombre et Gotham City n’est pas franchement la ville ensoleillée des Bisounours. La série garde donc le cap, et fait le mix entre la « glauquitude » de Tim Burton et la « noirceur intérieure » de Christopher Nolan (fort heureusement, les créateurs sont passés outre l’univers visuel de Joel Schumacher…).

Le tout est effectivement très prometteur et mérite qu’on s’y attarde, en espérant que la série continue à prospérer, avec la même efficacité et la même bonne dose d’humour noir.