John Silver, Rackham et le Capitaine Flint. Des noms qui, à eux seuls, suffisent à évoquer chez le spectateur des rêves d’aventures, de batailles et de trésors. Des noms sur lesquels s’appuie la série Black Sails (littéralement « voiles noires »), pour nous introduire au plus vite dans un univers mythique, celui des pirates.
Des flibustiers que l’on suit donc dès 1715, à l’âge d’or de la piraterie, quand leur suprématie sur les océans du globe les rend ennemis d’un commerce qui commence à s’étendre par-delà les mers. Quand les conquêtes des uns et les colonies des autres se trouvent mises en danger par leurs interventions et autres prises de guerre. Car qu’on ne s’y trompe pas, c’est bien de guerre qu’il s’agit, mise en marche par un métal autrement plus précieux que les vies humaines : l’or. De toute façon, il faut bien avouer que les vies humaines ne pèsent pas lourd dans Black Sails et ses scènes d’action stupéfiantes.
Car hormis les héros, capitaines et commerçants, flibustiers de tous grades et prostituées de maison de passes, souvent seuls refuges hors du temps pour les personnages, on ne lésine pas sur l’hémoglobine dans Black Sails et les premiers épisodes ont déjà posé un ton bien particulier.
La série a pris ses leçons de Game of Thrones, en particulier, et propose un mélange vénéneux de politique, de sexe et de violence.
L’écriture pêche ça et là : on aimerait que les personnages soient plus creusés, que les discussions politiques se mâtinent de sentiments, se nourrissent de haine ou de folie. Mais il est vrai que la série de Michael Bay (Armageddon, Pearl Harbor, The Island) est encore jeune et que ses 8 premiers épisodes n’en sont pas moins prometteurs.
Il y a d’abord le soin apporté à la reconstitution. Les bateaux rutilent et les détails qui les composent valent grandement le détour. Certes, les voiles sont un peu trop blanches, les costumes un peu trop propres et les dentitions des pirates beaucoup trop complètes, mais il faut bien que cet ensemble flatte l’œil ! Et de fait, c’est magnifique. Sur les océans ou dans les ports, les extérieurs sont somptueux et permettent une immersion parfaite dans une Histoire jusque-là réservée aux fantasmes ou aux contes de fées.
Il y a, aussi, la mise en scène, inspirée, qui traite tout cela comme on traiterait n’importe quel univers. Et c’est bien là le plaisir d’une image qui prend note du décor sans en faire le sujet principal de son cadre.
Somme toute, Black Sails, malgré quelques entorses hollywoodiennes à ce que pourrait être la « vérité historique », se pose en challenger crédible des meilleures séries du moment et a le mérite de faire exister un univers au delà des contes de fées…