Festival Premiers Plans d’Angers 2019

Rétrospectives et découvertes : ce qu’il ne faut pas manquer

Un festival de premiers films, c’est nécessairement un festival de surprises. Néanmoins, difficile de cacher son impatience pour quelques événements, valeurs sûres ou belles promesses, qui marqueront certainement la 31e édition du Festival Premiers Plans d’Angers.

(Re)lire André Bazin. Les cinéphiles exigeants, les étudiants et anciens étudiants en cinéma le connaissent bien. André Bazin, légendaire critique de cinéma, cofondateur des Cahiers du Cinéma et père spirituel de la Nouvelle Vague, est à l’origine angevin. Et puisque les Éditions Macula publient actuellement les conséquents Écrits complets du critique (2848 pages, tout de même), l’occasion est idéale pour le Festival d’Angers d’offrir un retour sur le travail de Bazin. Au programme de la rétrospective, deux films importants pour le théoricien, Le Crime de Monsieur Lange de Renoir (1936) et Umberto D. de Vittorio De Sica (1952), présentés tous deux par Hervé Joubert-Laurencin, Professeur des universités spécialiste de Bazin et coordinateur de l’édition des écrits complets du critique. Mais aussi deux documentaires : l’un est un retour sur le projet de film avorté que portait André Bazin, Bazin roman (de Hervé Joubert-Laurencin et Marianne Dautre), l’autre est une discussion sur Bazin entre le critique Jean-Michel Frodon et le cinéaste Benoît Jacquot, Aller-retour.

L’Art du temps. Gardons nos lunettes d’universitaires un instant pour cette fascinante et originale rétrospective sur la représentation du temps au cinéma. Serge Daney, un non moins fameux critique de cinéma, fondateur d’une non moins fameuse revue de cinéma, Trafic, disait qu’un film, c’était l’invention du temps. En vingt longs-métrages et quatre courts-métrages, le festival nous offre l’occasion de bien étudier la question, avec un corpus d’une incroyable variété, allant des Fraises sauvages de Bergman (1957) à Interstellar de Christopher Nolan (2014), en passant par L’Ultime Razzia de Kubrick (1956), Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry (2004) et, évidemment, La Machine à explorer le temps de George Pal (1960) ou Un jour sans fin de Harold Ramis (1993). Une belle occasion aussi pour (re)découvrir des classiques.

Quatre filmographies. Cette année, Angers nous permet de replonger dans quatre filmographies aussi passionnantes que différentes les unes des autres. Il y a d’abord celles de Maren Ade et Valeska Grisebach, deux cinéastes, figures de proue du cinéma allemand contemporain. On connaît Maren Ade pour le terrible et fascinant Toni Erdmann (2016), que l’on pourra revoir à Angers tout en revenant sur ses précédents films, The Forest for the Trees (2003) ou Everyone Else (2009). Valeska Grisebach est peut-être moins connue, mais en deux films (Désirs, programmé à Angers en 2007 et Western, présenté à Cannes en 2017), la réalisatrice a su s’imposer sur la scène internationale comme une artiste à suivre. Michael Dudok de Wit est aussi un réalisateur dont on attend avec impatience le prochain film, depuis la sortie du bouleversant La Tortue rouge en 2016 (actuellement au programme du bac cinéma). Président du jury courts-métrages à Angers cette année, le réalisateur présentera également ses quatre premiers courts-métrages d’animation. Enfin, le festival propose une rétrospective d’un cinéaste consacré, Costa-Gavras. Dix-huit films et autant d’histoires de colère et de politique (Z, État de Siège, Missing, Amen…), présentés par de nombreux acteurs, personnalités et amis du cinéaste, et en sa présence.

Vincent Lacoste dans Deux fils de Félix Moati. Copyright Nord Ouest Films.

Quatorze premiers films. Et parmi eux, nécessairement, des réalisateurs qui marqueront le cinéma de demain. S’agira-t-il du Danois Rasmus Kloster Bro et de son anxiogène Cutterhead, Grand prix et Prix du public au FEFFS de Strasbourg, film claustrophobique sur trois personnages prisonniers du métro de Copenhague après un accident ? D’Antoine Russbach, réalisateur suisse de Ceux qui travaillent, premier film – comme son nom l’indique – sur le travail de bureau, avec Olivier Gourmet (en complet) ? Ou bien de l’acteur Felix Moati, qui présentera à Angers son premier long-métrage, Deux fils, dont le casting réunit tout de même Vincent Lacoste, Benoît Poelvoorde et Anaïs Demoustier ? L’avenir le dira. L’un d’eux fera peut-être l’objet, dans quelques années, d’une rétrospective à Angers.