Terrence Malick et Mati Diop, Justine Triet et Ken Loach, Bong Joon-ho et Ladj Ly : annoncée ce 18 avril, la sélection cannoise concoctée par Thierry Frémaux et ses équipes associe beaucoup d’auteurs reconnus et quelques découvertes. Et fait une plus grande place aux réalisatrices. En voici un tour d’horizon.
On ne voudrait pas comparer la difficulté de l’exercice du sélectionneur cannois à celui du journaliste qui doit en rendre compte, mais il est quand même assez peu évident d’apporter un regard original sur chaque nouvelle sélection du festival.
Notamment, il semble impossible de se sortir de la vieille dialectique tradition/modernité qui imprègne inévitablement la petite vingtaine (pour le moment) de films qui constituent la compétition officielle. Ce cru 2019 ne déroge pas à la règle avec les derniers opus de Jim Jarmusch, Arnaud Desplechin, Ken Loach, Bong Joon-ho, Xavier Dolan, Pedro Almodovar, Terrence Malick, Marco Bellochio ou encore les frères Dardenne. On objectera, bien sûr, que la plupart de ces films sont très attendus et que certains de leurs auteurs comptent parmi les grands noms du cinéma contemporain. Il n’empêche que la part de ronronnement de cette grande programmation participe au conservatisme que représente l’institution cannoise.
Fort heureusement, en dehors du suspense maintenu sur la présence (ou la non-présence) de Quentin Tarantino (un autre habitué, toujours au montage de son dernier opus, Once Upon a Time in Hollywood), les surprises étaient également au rendez-vous de cette sélection. Celle tout d’abord du premier long-métrage de Mati Diop, Atlantique ; du premier film en solo de Ladj Ly, Les Misérables ; ou du retour du trop rare Elia Suleiman, avec It Must Be Heaven. On saluera également la politique volontariste de Thierry Frémaux, qui, d’année en année, tente d’offrir plus de place aux réalisatrices (14 films cette année) en sélection officielle, même si la parité apparaît encore lointaine.
Du côté d’Un Certain Regard, quelques auteurs reconnus arrivent avec des films intrigants, comme Bruno Dumont, qui poursuit son travail sur Jeanne d’Arc ; Albert Serra, qui revient avec un film prérévolutionnaire ; et Christophe Honoré, qui se présente avec un film en apparence « guitryesque ». On est également très curieux de découvrir le premier film en forme de polar du Chinois Zu Feng, tout comme le Port Authority de Danielle Lessovitz. Mais un des grands moments de la sélection parallèle pourrait bien être la présentation de Dylda, le deuxième long- métrage de Kantemir Balagov, deux ans après le choc de Tesnota.