Fabrice Luchini

En relief

Il est partout : dans les librairies avec son premier livre, Comédie française. Ça a débuté comme ça… (paru chez Flammarion), sur la scène du Théâtre Montparnasse avec son spectacle Poésie ? (jusqu’au 15 juin), et dans les médias où il semble à l’aise comme personne. Commentaire séduit.


Fabrice Luchini, c’est bien entendu une verve hors du commun, un rapport charnel aux mots de la langue française. Quand Luchini cite – et sa mémoire devrait faire l’objet d’une étude clinique, tant elle est performante – Nietzsche, Valéry, La Fontaine, Rimbaud ou Molière, l’acteur jubile, exulte, se surpasse, déguste chaque syllabe, comme on savoure un bon vin, avant de faire jaillir le sens de ces lignes illustres et de scruter, l’œil frétillant, l’effet du spectacle sur son public ébahi face à tant de faconde. Écouter et observer Fabrice Luchini faire son show, sur scène, comme sur le plateau de La Grande Librairie sur la 5, jeudi 17 mars dernier, par exemple, c’est faire l’expérience d’une valse littéraire endiablée, d’un pur spectacle où celui qui opère jouit de ce qui lui est offert : un espace où exister, en relief, porté par ce qui l’anime corps et âme. Car, quand Luchini s’empare des textes qu’il admire sous l’œil d’autrui, il flirte avec la transe. Dans l’émission animée par François Busnel, l’autre soir, c’en était fascinant, presque incandescent. Même Michel Onfray, lui aussi invité pour faire la promotion de son nouvel ouvrage, ne pipait mot – c’est dire. Il y eut aussi ce moment réjouissant où Luchini s’est mis à diriger Busnel sur son phrasé, trop emphatique à ses yeux. Gonflé, le monsieur ! Mais c’était bien vu, et amical.

On peut podcaster l’émission – ça vaut le coup –, se plonger dans cette autobiographie savoureuse où l’acteur raconte pas à pas – citations à l’appui, of course – son chemin vers la littérature et le cinéma, et filer à Montparnasse observer le phénomène, de plus près.