À mi-chemin : de battre, mon cœur ne s’arrêtera pas.

Festival de Cannes 2017

A mi-parcours, tandis que le festival bat son plein, les journalistes et critiques du monde entier établissent leurs premiers bilans de cette cession cannoise 2017. Il en ressort un relatif consensus dans les tableaux de notation de la presse française et américaine autour de certaines œuvres et deux favoris indéniables, 120 battements par minute de Robin Campillo suivi de près par Faute d’Amour d’Andrey Zvyagintsev (dont le talent de mise en scène a été repéré dès le premier jour.

Après Eastern Boys (2013), Robin Campillo poursuit ainsi des thèmes qui lui sont proches, notamment celui de l’homosexualité, trouvant à présent dans 120 battements par minute la base d’un militantisme acharné via une reconstitution minutieuse des actions et des débats d’AG d’Act Up des années 90. Et si une idée peut caractériser le fond et la forme de son film, c’est bien celle de l’urgence. Omniprésente dans ce film fleuve de 2h20, l’urgence est celle qui pousse aussi bien le réalisateur que sa troupe d’acteurs formidables, à prendre à bras le corps la lutte contre le sida. L’urgence, c’est celle s’engager politiquement et d’agir comme un ultime moyen de survie, une tension comme un couteau sous la gorge, comme une pulsation vitale. Et Campillo avance ainsi, sans nous exonérer des moindres détails, qu’il s’agisse de décortiquer la confrontation des langages, la recette de la fabrication du faux sang, les douleurs et les angoisses d’un taux de T4 en chute libre. Et cette reconstitution aux décors parfaits, joue de cette courbe ascensionnelle impérative, passant systématiquement du collectif au particulier, là où l’amour et les corps souffrent, là où une génération qui danse encore suffoque sachant qu’elle va mourir. Cette urgence, c’est avant tout celle d’un quatuor d’acteurs passionnants qui la revendique comme un étendard arc en ciel, totalement immergés, terriblement tendus, extraordinairement convaincus : Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel et Antoine Reinartz. Ils sont les héros eux aussi de cette première moitié de festival.