L'interview minutée de Jean Dujardin

J’accuse

« Dans les premières semaines, Roman tenait beaucoup à nous faire baisser les mentons et baisser les voix. On a des voix très sombres, assez graves. Des voix réalistes. Et il nous disait souvent : « ne penchez pas la tête, ça vous donne moins d’autorité. Restez droits ». Une fois de plus, pas de scories, pas de petits trucs de jeu. « On est dans l’armée, vous êtes des militaires, c’est sérieux. » Et une fois de plus, je pense que c’était au service de l’histoire. Si on commence à avoir un peu la bougeotte, si on commence à minauder ou à jouer le costume, je crois qu’on se perd et on perd l’histoire et on perd les gens. »

Le système minuté

Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.