L'interview minutée de Grand corps malade et Mehdi Idir

Patients

“Nos choix de réalisation pour cette scène, c’était : on filme tout à hauteur de fauteuil. C’est-à-dire que les personnes valides sont filmées tout le long du film en contre-plongée. Là c’est le tout début, il récupère très-très peu de mouvements, il est alité. Il a très peu de mobilité. Donc on a décidé de faire des plans très serrés, sans aucun mouvement de caméra ; on joue beaucoup sur la profondeur de champs et c’est un peu décadré –le père est filmé bord-cadre gauche… Voilà, c’est pour essayer de gêner le spectateur, que ce soit un peu, pas stressant mais oppressant pour lui, pour qu’il ressente… En fait, en gros la caméra représente notre personnage et surtout suit son évolution physique, et donc dès le début on voulait mettre une atmosphère un petit peu étrange comme ça, sur cette scène.“

Le système minuté

Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion.

L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça.

Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel.

On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD.

Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’ai aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.