L'interview minutée de Gilles Lellouche et Ahmed Hamidi

Le Grand Bain

« J’en ai marre de cette espèce de figure permanente de la vieille rombière qui râle en disant : mais regarde, tu ne fais rien de tes dix doigts, nianiania, comment tu vas ramener de l’argent à la maison, et puis les enfants nianiania !… J’avais envie au contraire d’un couple encore amoureux. Dans une certaine adversité, parce que lui est malade –la dépression est une maladie. Et que sa femme l’accompagne, l’écoute et épouse sa problématique. J’avais envie de bienveillance, d’amour pur. D’un couple amoureux qui a son propre langage, son intimité –qui ne regarde qu’eux finalement. Et avec des enfants qui lui balancent la vérité. Je voulais quelque chose qui, voilà, peut-être, ressemble à mon couple idéal. Ma vision de ce que devrait être le couple. »

 

Le système minuté

Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion.

L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça.

Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel.

On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD.

Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’ai aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.