Premier prix du film corse

Entretien avec Gérard Guerrieri, réalisateur d’Afrika Corse

La Corse des années 1970. Trois frères se disputent l’héritage d’un mystérieux trésor de guerre nazi, pourchassés par des néo-nazis tendance New age, dans une Corse éternelle où se mélangent kitsch et grotesque, générique d’Aujourd’hui Madame, papier-peint psychédélique et portrait de Giscard. Un nanar 100% corse qui sort en salles partout en France. Secrets de fabrication avec son réalisateur, Gérard Guerrieri.

Quelle est la genèse de ce projet ?

À la base, j’ai fait des études d’archéologie, et je voulais être archéologue – j’ai donc une certaine passion pour les trésors et les citées enfouies. Et à Bastia, on vit depuis les années 1960 sous la légende du trésor de Rommel. Puisque c’est une histoire vraie : ce trésor nazi a disparu ici, et on n’en a plus jamais retrouvé trace. À partir de là, tout type de scénario était possible…

Combien de temps a duré la production du film ?

La fabrication du film entre le début du tournage et la fin de la postproduction a pris trois ans. C’est la postproduction qui a été particulièrement longue, puisque nous avions, mine de rien, beaucoup d’effets spéciaux.

Quel est le budget ?

Je ne le connais pas précisément, mais on est entre 300.000 et 500.000 €.

Il y a un côté assez « amateur » par moments… Est-ce dû aux contraintes budgétaires ou est-ce volontaire ?

C’est totalement volontaire ! J’aime bien donner à mes films un côté « Tex Avery ». Et puis, AfrikaCorse, c’est un hommage aux années 1970, au côté bricolé de certaines productions audiovisuelles ou de certains films d’exploitation de cette époque. Par exemple, dans certains effets spéciaux, nous avons refait minutieusement des contours bleus autour des personnages, pour retrouver les effets d’incrustation qu’on pouvait avoir dans le Journal de Roger Gicquel…

Avez-vous trouvé facilement un producteur ?

J’avais écrit le projet depuis un moment, et puis au gré des rencontres, j’ai finalement rencontré mon producteur [Marc ANDREANI, de Injam Productions, ndr]. Je crois que c’est l’idée de la confrontation et du mélange de deux époques, les années 1940 et les années 1970, et de deux univers, l’Allemagne Nazie et la Corse, qui l’a convaincu.

Le film est aussi coproduit par France 3 Corse ViaStella. Comment les avez-vous convaincus ?

Il faut dire que derrière son aspect loufoque, le film a un fond de sérieux, et mélange souvent les genres. On le perçoit pas toujours d’emblée sur le scénario, et ça a été le talent du producteur de convaincre la chaîne de télévision d’investir dans le film… Du coup, le film a été diffusé sous forme d’une série de dix épisodes sur ViaStella.

Quelle est la carrière du film dans les jours à venir ?

Le film va sortir un peu partout en France, dans trente salles, distribué par Destiny Films. En fait, le film est terminé depuis un an environ, et il a déjà fait une sortie régionale en Corse en novembre 2016, après être passé au Festival Arte Mare à Bastia où il a eu le Premier Prix du Film Corse. En réalité, il y a beaucoup de productions qui se font en Corse, mais tout le problème, c’est de les diffuser ailleurs que sur l’île ! Et ce prix permet notamment d’aider des films corses à s’« extérioriser ». Suite à ce prix, on a eu une autorisation spéciale du CNC pour faire une sortie salle régionale. Le film était donc pendant deux semaines à l’affiche en Corse, et c’est là que Destiny nous a contactés pour offrir une sortie nationale au film.

C’est votre premier film qui sort en national au cinéma, est-ce que ça débloque des choses pour vous, dans votre carrière de réalisateur ?

Disons qu’on a globalement de bons retours sur ce film, donc j’espère que ça débloquera des choses pour mes prochains projets. Je travaille actuellement sur un nouveau film, un autre film corse, dans le même genre, mais sur un thème complètement différent.