Cinépoésie

Rencontre avec Alejandro Jodorowsky et Pascale Montandon-Jodorowsky pour la sortie DVD de Poesía sin fin

Découvert à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes l’année dernière et sorti au cinéma en octobre 2016, Poesía sin fin fait l’objet d’une très belle édition DVD chez Blaq Out, accompagné d’un recueil de poèmes et d’éclairants bonus, qui a reçu hier soir, à la Cinémathèque française, le Prix du Meilleur DVD/Blu-Ray 2017 du Syndicat Français de la Critique de Cinéma.

Alejandro Jodorowsky est un créateur sans limite. Sa soif de poésie, sa liberté sans concession, sa vitalité hors norme sont au cœur de son dernier long-métrage, Poesía sin fin, deuxième volet de son autobiographie portée sur grand écran. Ce film, d’une folle inventivité, a le don de transmettre son énergie à qui le reçoit. Car y circule une foi absolue dans les pouvoirs de l’art en général, et du cinéma en particulier, de transformer le spectateur – « L’art véritable doit changer les gens, leur esprit et leur âme. Le film doit donner de l’espoir, une connaissance de la beauté. Tu ouvres la prison de l’autre avec ta propre liberté » est-il, en substance, énoncé dans un des compléments du Blu-Ray (« Le cinéma d’Alejandro Jodorowsky, à la croisée de tous les arts »).
L’édition digibook proposée par Blaq Out met en valeur le travail poétique de cet artiste total et donne à découvrir une sélection de son recueil de poèmes, Voyage essentiel, dans une traduction signée Marianne Bloch-Robin et Jean-Yves Bloch. Parmi ces poèmes vibrants et très personnels, en voici deux, lus par Alejandro Jodorowsky pour Bande à part, en espagnol.

Magazine de cinéma - Alejandro Jodorowksy - Padre

 Traduction :Magazine de cinéma - Alejandro Jodorowksy - Padre
Écouter Alejandro Jodorowsky lire Padre

Magazine de cinéma - Alejandro Jodorowksy - Extremaunción

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Magazine de cinéma - Alejandro Jodorowksy - Extremaunción

Écouter Alejandro Jodorowsky lire Extremaunción

Ces deux poèmes, où il est question d’un père incapable d’amour et du pardon que lui offre son fils, font étroitement écho à Poesía sin fin et à la trajectoire de son héros. C’est que ce film, comme tous ceux d’Alejandro Jodorowsky, a été pensé comme un acte guérisseur, un acte de « psychomagie », notion élaborée par le cinéaste, qu’il détaille ici de sa belle voix timbrée :

Qu’est-ce que la psychomagie ?
Dans quelle mesure réaliser Poesía sin fin est-il un acte de psychomagie ?

Les bonus du DVD, filmés par l’épouse et complice du cinéaste, Pascale Montandon-Jodorowksy, qui signe aussi les costumes du film, offre un passionnant éclairage sur le travail d’Alejandro et son rapport à l’art : elle pose son regard aimant sur celui qui dirige ses collaborateurs dans un état proche de la transe, le suit dans ses séances de « psychomagie sociale » dans un théâtre comble, le filme en train de nourrir des mouettes. C’est intime, tendre, parfois fou, et c’est un précieux document pour qui s’intéresse de près à cette œuvre protéiforme d’une richesse inouïe.

Pascale Montandon-Jodorowsky commente deux de ses tableaux qui illustrent le digibook de Poesía sin fin.

Magazine de cinéma - Pascale Montandon-Jodorowsky - peinture

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