Willy 1er

Couleurs sur ciel plombé

Projeté au dernier festival de Cannes dans le cadre de la programmation de l’Acid, Willy 1er continue depuis son joli bonhomme de chemin, raflant des prix dans les festivals. Les quatre réalisateurs signent leur premier long-métrage après deux courts, Perrault, La Fontaine, mon cul ! et Ich bin eine Tata, également remarqués, notamment à Clermont-Ferrand. Ils ont rencontré l’interprète idéal en visionnant un documentaire sur une association luttant contre l’illettrisme : Daniel Vannet, homme du Nord, qui, découvrant que son ancien employeur en avait profité pour le gruger, décida d’apprendre à lire et à compter. Il est, depuis, le centre et le cœur de leurs films : ici il incarne Willy, quinquagénaire subitement confronté à la mort de son jumeau, à la solitude et à ses inaptitudes : il quitte le giron familial pour aller, quelques kilomètres plus loin, trouver un travail, des copains et s’acheter un scooter. La misère ici est regardée, pas utilisée à des fins comiques, et si ce récit initiatique est souvent drôle, ce n’est jamais aux dépens de son personnage, mais parce qu’il est traité avec une tendresse non feinte. Parfois bricolé, le film affiche de belles idées de plans (les chariots élévateurs de supermarché font des verticales du tonnerre et les autolaveuses ont des allures de gros insectes) et un jeu efficace sur les couleurs vives, qui réchauffent les ciels plombés et les horizons bouchés.