Viva

Jesus libre

C’est l’histoire d’un réalisateur irlandais, connu pour son polar fantaisiste Irish Crime, sa chronique british déjà capillaire Coup de peigne et son film d’horreur Shrooms. Charmé par La Havane et ses shows de travestis, Paddy Breathnach décide d’y baser le récit d’un jeune coiffeur perruquier, qui décide de monter sur scène au moment où son père, sorti de prison, ressurgit dans sa vie. Voici Viva, filmé à Cuba, dans les quartiers populaires de la capitale, avec des acteurs du cru et en espagnol. Une alchimie simple et touchante entre portrait réaliste et chant de l’exubérance. Le cinéaste saisit le pouls d’un pays où la survie est incarnée au quotidien, et transpire les rues et les murs. Jesus se transforme en Viva et gagne ses galons d’être fort. La mise en scène enserre le face-à-face père/fils dans l’exiguïté d’un petit appart et le rudiment matériel. Le fils n’a que les disques de sa mère. Le père n’a que souvenirs et colère. Ardu d’assumer le présent et d’appréhender l’avenir. Breathnach cadre les visages en scope, mais au plus près du grain de peau et du tremblement infime. La nervosité poisseuse passe soudain sous les sunlights du cabaret, épicentre du changement. Héctor Medina éclate pour son premier rôle dans un long-métrage, face à l’épatant Jorge Perugorría, fameux Diego de Fraise & Chocolat de Tomás Gutiérrez Alea & Juan Carlos Tabío.