Transperceneige

Un train qui file à toute allure au milieu des glaces. Ce n’est pas « Speed fait du ski », mais bien la dernière livraison de Bong Joon-ho, émérite réalisateur de Mother et The Host. Le Transperceneige, c’est cette arche de la dernière chance qui transporte autour du globe ce qu’il reste de l’humanité. Et ce n’est pas beau à voir. En queue, les parias, les pauvres, nourris à la gelée de protéines, entre résignation et révoltes avortées. En tête, Wilford, grand ordonnateur de la Machine. Entre deux, des riches fêtards, et quelques miliciens chargés de faire régner l’ordre. Un ordre qui ne va pas tarder à être mis en péril par Curtis et ses bonnes résolutions de révolution.

Casting douze étoiles international, gros moyens de production, Bong Joon-ho fait très fort pour adapter la BD française qui lui a inspiré ce Transperceneige. Entre science-fiction et dérèglement social, il signe une œuvre aux multiples lectures. La première est évidente, c’est l’effet « wow » que le spectateur prend d’emblée dans les yeux, qui imprime durablement sa rétine. Impeccablement filmé, superbement décoré et esthétisé, le film s’impose comme une réussite de son réalisateur.

La seconde est plus noire : dans cette dystopie tordue, l’humanité est perdue, ou presque. Ultra-violent, ultra-sombre, le film choque parfois, mais comment parler autrement des plus obscures penchants de l’Homme ? Etrangement drôle, subtilement baroque, complètement fou, le Transperceneige est un film d’aventures bluffant, doublé d’un chant funèbre à la gloire d’une humanité que le réalisateur lui-même hésite à sauver.